Mon apostolat dans une communauté de l’Arche à Ouagadougou
Cette année, nous sommes quatre (04) étudiants pour l’apostolat de l’Arche : 02 Burkinabè, 01 Ivoirien et 01 Togolais. Au début de notre apostolat à l’Arche, les tout premiers contacts avec ces handicapés n’étaient pas du tout faciles pour moi et je pense que c’était pareil pour mes trois autres confrères. Mais avec le temps, nous sommes parvenus à aimer cet apostolat ainsi que les personnes vers qui nous étions envoyés.
Notre apostolat à l’Arche se scinde en deux grandes parties. D’abord, nous travaillons au jardin en vue d’aider ces personnes handicapées à avoir un peu de légumes pour se nourrir. Ce travail du jardin consiste essentiellement à arroser les légumes et autres plantes qu’elles ont déjà fait pousser. La deuxième partie de notre apostolat est réservée aux échanges avec les personnes handicapées et tous ceux qui les assistent. Ces échanges et partages nous permettent de toucher de près les réalités que vivent ces personnes. À travers ces échanges, nous leur témoignons de notre amour car nous leur donnons, grâce au temps que nous passons à bavarder avec elles, la joie de vivre. Ensemble, nous prions et jouons différents jeux. Chacune de ces personnes souffrant de handicap, participe à sa manière à toutes les activités de la maison.
Souvent, nous nous laissons égarer par des préjugés, les « on dit » ; et nous concluons sur des faits sans prendre le soin de connaître leur cause avec des informations crédibles. Les personnes qui souffrent de handicaps mentaux ou physiques ont des talents cachés. Si donc on ne les côtoie pas ou si on ne les insère pas dans la société, non seulement elles perdront ces talents, mais aussi elles deviendront une grande charge pour la société. C’est en les aimant et en les acceptant dans la société qu’elles pourront développer leurs capacités. Un exemple concret que je peux donner, c’est le jeune KOUKA qui est actuellement à l’Arche. Ce jeune homme à une mémoire très magnifique et fertile. Il enregistre dans sa tête des images de tout ce qu’il voit et les reproduit après, telles qu’elles sont et qu’il les a vues. Il a reproduit plein d’images sur des tableaux qu’il a accrochés dans sa chambre. Ces images sont entre autres des bâtiments (maisons), des cartes, des voitures, etc. Ce qui est frappant et étonnant de tout cela, c’est qu’il dessine avec un stylo sans utiliser de gomme et sans avoir l’image sous ses yeux. J’étais étonné pour ma première fois que je vois le jeune KOUKA, une personne handicapée mentalement, en train de réaliser une chose pareille.
D’autres choses qui m’ont encore touché à l’Arche, sont entre autres la vie communautaire et l’amour. J’ai été touché parce que la vie communautaire n’a jamais été facile pour des biens portants qui vivent ensemble ; mais à l’Arche, ils arrivent à vivre une vie de communauté en dépit de leur différence : des biens portants et des handicapés. À l’Arche, en effet, tout se fait communautairement et surtout dans la joie. On va au rythme de chacun. L’amour y règne. C’est un amour désintéressé, qui y règne. Comme le disait Saint Augustin, « la mesure de l’amour vrai, c’est d’aimer sans mesure ». Oui, l’amour peut tout. Seul l’amour peut nous aider à construire de vraies communautés à l’image de la communauté Divine (La Trinité). Et c’est lui seul qui peut nous aider à comprendre l’autre, sa façon d’agir et de faire. On ne peut vraiment aider ou aimer quelqu’un si on ne descend pas pour le rencontrer dans ses vécus quotidiens.
« Qui donc est Dieu que nul ne peut aimer s’il n’aime l’homme ? » Alors, que ces mots de l’hymne du bréviaire nous interpellent et ouvrent notre cœur à la charité ; surtout à l’amour envers nos frères et sœurs souffrant de quelque handicap que ce soit.
Igor YÉBOU