samedi 24 novembre 2018

Mémoire de la naissance de notre fondateur au ciel (La messe du 24 Novembre 2018 à la Maison Lavigerie)


Père Delphin NYEMBO
Aujourd’hui, nous faisons mémoire de la naissance de notre fondateur au ciel. Le Cardinal Charles Allemand Martial Lavigerie est né le 31 Octobre 1825 à Bayonne en France et il est décédé le 26 Novembre 1892 à Alger en Algérie, à l’âge de  67 ans. Son corps était inhumé à la cathédrale Saint Louis de Carthage en Tunisie, puis en France, et aujourd’hui, il repose dans la crypte de la maison généralice, des Missionnaires d’Afrique à Rome. Que son âme repose en paix. Nous voulons célébrer sa vie, son amour pour le monde africain, sa passion de Dieu et sa passion de l’homme. Tout œuvre humaine est entachée des imperfections, alors au début de cette célébration, demandons au Seigneur de nous purifier et de nous rendre digne de célébrer cet eucharistie en sa présence.  

Bientôt, le 8 décembre, nous allons entrer dans la célébration du jubilé du 150ème anniversaire de notre fondation. La date qui a été choisie pour marquer cet anniversaire, c’est la date d’ouverture du premier noviciat des Missionnaires d’Afrique, le 19 octobre 1868. Il y a 150 ans !!! ce n’est pas si vieux !!! Mais déjà quelle histoire !!! La grande figure que nous célébrons aujourd’hui fut un prêtre, un évêque puis un cardinal. Il s’est engagé dans tous les grands débats qu’affrontait l’Église de la fin du XIXème siècle. En célébrant l’anniversaire de son décès, aujourd’hui, par anticipation de la date du 26 novembre 1892, nous faisons mémoire d’un homme qui a marqué de son empreinte la grande aventure missionnaire de l’Église en Afrique. 

La basilique Notre-Dame d’Afrique domine la baie d’Alger. Elle fut inaugurée en 1872 par le cardinal Charles Lavigerie, notre fondateur. 

Et la phrase inscrite, en français sur le mur du chœur  – « Notre-Dame d’Afrique, priez pour nous et pour les musulmans » – est toujours là. Tout comme la statue de la Vierge noire, en bronze, habillée d’une robe de style algérien, visage souriant incliné et mains tendues en signe d’accueil. 

Sur l’esplanade de la basilique – « Madame l’Afrique » disent les Algérois –, la statue du cardinal Lavigerie est bien là. Il tient fermement l’Évangile. La statue rappelle le rayonnement d’un homme qui fut durant vingt-cinq ans archevêque d’Alger et qui fonda en 1868 la Société des missionnaires d’Afrique puis en 1869, la congrégation des Sœurs missionnaires de Notre-Dame d’Afrique.

La plupart des lieux fondateurs de ces deux instituts ont complètement changé de destination. La maison Saint-Eugène où habitait le cardinal est fermée depuis longtemps. Maison-Carrée, la maison-mère des Missionnaires d’Afrique, a d’abord été transformée en école de formation professionnelle pour les malentendants. Et bientôt, à ce même endroit, s’élèvera la grande mosquée d’Alger.

Le cardinal Charles Lavigerie, lui, qui avait un grand respect de la dignité de chaque personne et de chaque peuple, a subi plusieurs humiliations et déceptions venant de l’intérieur tout comme de l’extérieur de l’Eglise. Souvenons-nous de la souffrance intérieure qu’a vécu le Cardinal Lavigerie, après le toast d’Alger. 

Fort, de ses convictions, l’ouverture aux autres dans ses relations et sa persévérance, à faire le bien, ont fait que des Pères Blancs sont toujours présents à Notre-Dame d’Afrique où ils accueillent la petite communauté catholique – des étudiants d’Afrique subsahélienne, des Libanais, des expatriés européens – mais aussi des pèlerins, ainsi que des musulmans et surtout musulmanes qui viennent demander à Marie et à Dieu toutes sortes de choses. 

Les Missionnaires d’Afrique et les Sœurs Missionnaires de Notre Dame d’Afrique ne constituent qu’une partie des œuvres du Cardinal Charles Allemand Martial Lavigerie. 

Il se présente aux élections législatives de 1871. Confronté à la réalité de l’esclavage qui ravage les régions centrales et orientales du continent africain, il lance en 1888 une grande campagne anti-esclavagiste à travers l’Europe, qui mena au désaveu général de cette pratique par les grandes puissances en Europe.

Dans les instructions qu’il donne aux missionnaires, il met en avant deux exigences : un engagement intérieur sans demi-mesure et une vie de communauté profondément fraternelle. Il leur demande aussi d’aimer profondément les gens à qui ils sont envoyés et de vivre avec eux, ce qui se traduit par un effort permanent pour s’immerger dans la culture des peuples. Cette attitude de respect, qui dépasse largement la mentalité de l’époque, était déjà la sienne lorsque, directeur de l’Œuvre des Écoles d’Orient, il avait découvert l’islam et avait rencontré l’émir Abd El Kader. Ces principes de présence et de respect restent toujours valables de nos jours, peut-être plus encore, tant les défis de notre époque ne manquent pas dans ces domaines.

Il nous laisse un grand et bel héritage. Gardons à la mémoire, surtout à l’approche de la célébration du 8 décembre 2018 qui marquera l’entrée dans le jubilé du 150èmeanniversaire de notre fondation, sa fameuse phrase qui dit tout sur notre vocation : Soyez apôtres, ne soyez que cela !

Avec ses talents exceptionnels, son tempérament énergique parfois jusqu’à l’excès, son caractère parfois difficile, mais aussi sa foi profonde et ouverte, Charles Lavigerie était surtout habité par une double passion, qu’on peut résumer par cette petite phrase : « passion de Dieu, passion de l’homme. »

Prions pour le monde africain, les Œuvres des Missionnaires d’Afrique et pour celles des sœurs missionnaires de notre Dame d’ Afrique. Que Marie, Notre Dame d’ Afrique intercède pour nous.  

AMEN


Père Delphin NYEMBO, M.Afr.

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