samedi 23 novembre 2019

Célébration à la mémoire du Cardinal Lavigerie

Introduction

En cette fête de l’entrée au Ciel de notre fondateur, le cardinal Charles Lavigerie, fête de la Maison Lavigerie et de l’Institut supérieur privé de Philosophie Maison Lavigerie, rappelons–nous de ses paroles fortes prononcées en décembre 1888 : « Je suis un homme, l’injustice envers d’autres hommes révolte mon cœur. Je suis homme, l’oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m’inspirent que de l’horreur. » Ces paroles n’ont pas pris une ride. Sa révolte pour l’injustice, pour l’oppression sous toutes ses formes, elle est toujours d’actualité malheureusement. L’Église-famille du Burkina Faso/Niger vit ces jours-ci un temps fort de sa foi à travers le congrès sur la miséricorde divine, si chair à nôtre pape François. Entrons dans cette célébration en demandant au Dieu miséricordieux de nous prendre en pitié, de prendre notre pays et tous ceux de la sous-région sous sa protection. Demandons pardon…  

Homélie

Tu nous appelles à t’aimer, en aimant le monde où tu nous envoies, ô Dieu fidèle, donne-nous, en aimant le monde, de n’aimer que toi !!!

Le Cardinal Charles Lavigerie est né le 31 Octobre 1825 et appelé au ciel le 26 novembre 1892, 67 ans de vie, 24 ans de lutte contre toutes formes d’esclavages. De 1892 à 2019, 127 ans. Aujourd’hui, nous célébrons la 127 ème année depuis son entrée dans la vie éternelle. 

Père Delphin Nyembo pendant l'homélie
Chers frères et sœurs dans le Christ, notre Église-Famille du Burkina-Faso / Niger, vit un temps fort ces jours-ci avec le Congrès sur la miséricorde divine. C’est le quatrième congrès de l’Afrique et Madagascar sur ce thème. Le précédent s’était tenu à Kigali au Rwanda. 

Le pape François, qui se soucis, de la paix dans le monde et en Afrique en particulier a envoyé le Cardinal Dieudonné Nzanpalainga, archevêque de Bangui en Centrafrique, à ce congre. Ce Cardinal est bien connu aujourd’hui pour les efforts qu’il a déployés en faveur de la paix et de la réconciliation nationale dans son pays, la Centrafrique. Il a en particulier œuvré avec des imams et les communautés chrétiennes et musulmanes pour éviter le pire dans son pays. Sans doute que le pape François a trouvé qu’il s’agissait de l’homme qu’il fallait pour venir ici au Burkina Faso. Il peut nous partager sa longue expérience en matière de paix et de réconciliation. Il a sans doute entendu parler du Cardinal Charles Lavigerie et de ses propos sur la justice, en particulier en faveur des esclaves. La campagne antiesclavagiste du Cardinal Lavigerie a en  effet laissé des traces dans l’histoire. 

Notre fondateur n’a pas ménagé sa peine pour lutter contre toutes les formes d’esclavage. Un jour, il nous avait invités, nous ses missionnaires à aimer l’Afrique… Écoutez plutôt : « Aimez l’Afrique pour les plaies sanglantes de son esclavage, pour les cris dedouleur qui s’élèvent, depuis tant de siècles, de ses profondeurs, pour ses infortunes passées, pour ses grands hommes, pour ses saints ! »

Le Cardinal Dieudonné Nzanpalainga, dès son arrivée à Ouagadougou, et lors de l’ouverture du congrès a déclaré : … « La Miséricorde divine est le nom de Dieu, c’est sa carte d'identité. C'est ce cœur immense de Dieu lui-même qui veut se pencher sur la misère de ses enfants. Cette miséricorde, a-t-il ajouté, s'avère impor­tante, pour le monde actuel, et le Burkina Faso en particulier. » 

Pour lui, son pays, la Centrafrique, et le Burkina Faso, se ressemblent à plusieurs niveaux. « Deux pays enclavés sans accès à la mer. Ils ont en commun des terres ébran­lées par une abominable furie meurtrière », a-t-il regretté.

Le Cardinal centrafricain a rappelé que ces dernières décennies sont marquées par des évènements bouleversants à tous les échelons.        « L'espoir d'un avenir serein se trouve perturbé. Le feu tragique­ment meurtrier du terrorisme, des conflits    militaro-politiques secouent nos pays », a-t-il déploré. Néanmoins, a-t-il lancé, il est tou­jours possible de se pardonner, de s'aimer, d'espérer et de prier avec cette miséricorde. 

C’est vrai que des faits concrets illustrent la souffrance de nos populations en ce momentDe 2015 à nos jours, le Burkina compte près de 600 personnes tuées, avec de nombreux blessés et totalise plus de 800 000 déplacés internes. Le représentant du gouvernement à ce  congrès, Monsieur Siméon Sawadogo, Ministre d’État, a commenté :      « Cette situation met à mal nos valeurs fondamentales de cohésion sociale, de vivre-ensemble, de solidarité commu­nautaire et de la tolérance interre­ligieuse. » 

Le Cardinal Lavigerie, notre Fondateur, nous conseillait de ne pas baisser les bras et de continuer, malgré tout, à aimer l’Afrique, même, et surtout, quand elle traverse tant de difficultés et de malheur. Écoutons-le…« Aimez l’Afrique, aimez ses peuples comme une mère aime ses fils, en proportion de leur misère et de leur faiblesse. Aimez, quoi que vous en ayez souffert, quoi que vous en puissiez souffrir encore… Aimez-la avec ses souvenirs, ses légendes, ses traditions de respect et de foi… »

Défenseur des droits de l'homme, le Cardinal Lavigerie, durant tout le temps qu’il a passé en Algérie et en Tunisie, n'a pas ménagé sa peine pour lutter contre l'esclavage, et sous son impulsion les gouvernements avaient enfin décidé d'agir. Mais il savait bien que pour atteindre le mal à la racine, l'Évangile serait finale­ment plus efficace que la poudre et les balles... C'est ce qu'il avait dit, le 20 juin 1879, au deuxième groupe de missionnaires qui s'apprêtait à partir au centre de l'Afrique :

« Allez, mes fils, allez enseigner cette doc­trine. Dites à tous ceux que vous rencontrerez que ce Jésus dont vous leur mon­trerez la croix, est mort sur elle, pour porter toutes les libertés au monde, la liberté des âmes contre le joug du mal, la liberté des peuples contre le joug de la tyrannie, la liberté des consciences contre le joug des persécuteurs, la liberté des corps contre le joug de l'esclavage ! »

Demain, ce sera le grand rassemblement à Yagma pour clôturer le congrès qui a pour thème : « La Miséricorde divine, une grâce pour notre temps ». Peut-être certains et certaines d’entre nous s’y rendront. Et en cette fête de l’entrée de notre Cardinal Lavigerie dans la Vie éternelle, je  vous propose la prière que le Cardinal avait lui-même composé lors de sa campagne antiesclavagiste :

« Seigneur, Toi qui es le Fils unique du Père, Tu as revêtu la forme des esclaves, en Te faisant homme, et Tu T'es laissé emprisonné et cloué sur une croix comme un criminel pour sauver tous les hommes de l'esclavage, alors aie pitié, nous T'en supplions, de tous ceux et toutes celles qui, aujourd'hui sont esclaves, de leurs passions, de leurs addictions, de leurs idoles, mais aussi des personnes, exposées à toutes les horreurs et à toutes les hontes de la servitude ! Obtiens-leur miséricorde par ta Passion et ta mort ! Arrache-les à la cruauté de leurs mauvais maîtres, et conduis-les à la lumière et à la liberté des Enfants de Dieu ! Amen. » 

À l’imitation de notre Fondateur, soyons des bâtisseurs de paix et de réconciliation, luttons contre toutes les formes d’esclavages, aujourd’hui, éduquons, formons, dénonçons tout ce qui s’oppose au bonheur de tous, proposons tout ce qui rapproche et qui unit, soyons des ministres de la Miséricorde. Que le Cardinal Charles Lavigerie intercède pour nous et nous obtienne la grâce de la joie et de la fidélité à la suite de Jésus Christ nôtre Seigneur.  Bonne fête !

Tu nous appelles à t’aimer, en aimant le monde où tu nous envoies, ô Dieu fidèle, donne-nous, en aimant le monde, de n’aimer que toi !!!


Père Delphin Nyembo
Assistant Provincial


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