150ème anniversaire de la fondation des Missionnaires d’Afrique et des Sœurs Missionnaires de Notre Dame d’Afrique.
Son Éminence, le Cardinal Philippe Ouédraogo, Archevêque métropolitain de Ouagadougou.
Son Excellence, Monseigneur Luca Caveada, secrétaire de la Nonciature
Chers frères et sœurs de l’Église famille du Burkina Faso, bonjour et bonne fête !
Père Delphin NYEMBO, M.Afr. |
Hier, samedi 08 Décembre 2018, en la fête de l’Immaculée Conception, un grand nombre de nos confrères et consœurs ont participé à la grande célébration de béatification des 19 martyrs catholiques, dont 4 missionnaires d’Afrique, en Algérie : (Pères Alain Dieulangard, Christian Chessel, Jean Chevillard et Charles Deckers). Cet événement marque l’ouverture de l’année jubilaire des 150 ans d’existence de nos deux Instituts : Les Pères Missionnaires d’Afrique (Pères Blancs familièrement) et les Sœurs Missionnaires de Notre Dame d’Afrique (familièrement aussi, les Sœurs Blanches). Aujourd’hui, en communion avec nos frères et sœurs qui sont en Algérie, nous entrons dans cette dynamique de l’ouverture de notre année jubilaire. Ce matin, nous sommes très heureux de célébrer, avec vous, notre action de grâce, et de faire mémoire des 150 ans de la fondation de nos deux Instituts.
Éminence, Monsieur le Cardinal Philippe Ouédraogo, nous vous disons un très grand merci d’avoir accepté de présider cette Eucharistie. C’est une joie pour nous, c’est aussi une joie pour un père de l’Église Famille du Burkina Faso, de célébrer l’anniversaire de naissance de ses fils et de ses filles. (Ne taabo, Éminence, wenakondvinre, nkondsinkavinre, kondataabiyaka). À vous tous, merci pour votre présence.
Par cette célébration, nous voulons exprimer notre gratitude ainsi que notre désir de continuer la mission que le Seigneur nous a confiée à travers les œuvres et le charisme, que le Cardinal Charles Lavigerie nous a légués.
Par cette célébration, nous exprimons également, notre désir d’approfondir les intuitions et la vision missionnaire du Fondateur, au regard des réalités d’aujourd’hui, qui se manifestent dans la rencontre de l’autre différent de nous dans sa culture et dans sa foi, sans oublier les problèmes de trafic humain, les questions de justice, de paix et d’intégrité de la création.
Chers frères et sœurs, le Cardinal Charles Lavigerie, après son installation comme archevêque d’Alger, voulait ressusciter l’ancienne Église d’Afrique. Ce projet s’appuyait sur les propos du Pape Grégoire XVI, qui rappelaient les florissantes chrétientés d’Afrique du Nord durant les premiers siècle de l’ère chrétienne. Ils déploraient aussi la disparition d’une Église Algérienne suite aux invasions des vandales et des arabes, entraînant la ruine d’une grande civilisation.
Ce rêve a alimenté son désir profond de trouver des collaborateurs pour ce grand projet missionnaire qui l’a conduit à collaborer avec d’autres instituts, entre autre les Lazaristes, les jésuites, les sulpiciens, les sœurs de la charité, ainsi que les sœurs de l’Assomption, occasionnant la fondation de nos deux Instituts missionnaires.
Pour les missionnaires d’Afrique, tout avait commencé par une « lecture spirituelle » faite par un Lazariste, le Père Girard, supérieur du grand séminaire d’Alger. Le Père Girard savait qu’il était là pour s’occuper certes, des chrétiens, mais aussi pour témoigner de sa foi devant tous ceux qui ne connaissent pas la Bonne Nouvelle de Jésus- Christ. Un soir de décembre 1867, le père Girard parlait aux séminaristes de la Mission de l’Église, et du désir que chacun doit avoir, de partager par le témoignage de sa parole et de sa vie, ce qu’il a de plus précieux : sa foi. Il lança cet appel : « Messieurs, qui sait si, dans cette salle, parmi ceux qui m’entendent, il n’y en a pas un, pas deux, pas trois, peut-être, qui se dévoueront à cette œuvre de la mission. » Cet appel fut entendu ; dix jours plus tard, trois jeunes se présentèrent à lui. Convaincu du sérieux de leur demande, il les présenta quelques temps après au Cardinal Charles Lavigerie, qui les reçu le 29 Janvier 1868.
Une année plus tard, deux autres séminaristes d’Alger, se sont ajoutés. En Octobre 1868, ils sont cinq : de quoi ouvrir un noviciat. Ce fut le berceau de la Société des missionnaires d’Afrique. Trois prêtres sont les formateurs : un jésuite, un sulpicien et un lazariste.
Très vite, les premières caravanes des missionnaires, partent vers l’Afrique de l’Ouest puis vers l’Afrique Centrale. Pour l’Afrique de l’Ouest, les premiers missionnaires n’arrivent pas à destination. Ils meurent assassinés en cours de route. C’est seulement la troisième caravane qui atteindra Tombouctou au Mali. Les autres Caravanes destinées à l’Afrique Centrale progressent difficilement dans les régions actuelles de l’Ouganda, de la Tanzanie, de la Zambie et du Malawi. Cependant, malgré de nombreux décès, en cours de route et sur place, l’Eglise fondée par les missionnaires d’Afrique produit très vite ses fruits.
Le 3 juin 1886, en Ouganda, ce sont 32 jeunes gens, dont 22 catholiques, qui versent leur sang et meurent brûlés vifs pour leur foi. Le plus jeune, Kizito, n’avait que 14 ans. 132 ans plus tard, ce sont 4 missionnaires d’Afrique qui ont donné aussi leur vie en mourant martyrs de la foi à Tizi-Ouzou en Algérie. Ils ont été béatifiés hier après-midi. Le ton est donné. Le Cardinal Charles Lavigerie voulait des hommes animés de l’esprit apostolique, de courage, de foi, d’abnégation, des hommes prêts à donner leur vie pour l’Évangile.
Aux exigences de la mission en milieu musulman, le Cardinal Charles Lavigerie a vite compris l’importance d’envisager la création d’une congrégation féminine. Il disait : « Malgré le zèle des Missionnaires, leurs efforts ne produiront jamais de fruits suffisants, s’ils ne sont pas aidés par des femmes apôtres, auprès des femmes. Seules des femmes peuvent approcher librement d’autres femmes, et entretenir avec elles des rapports de charité, panser leurs maux, toucher ainsi leurs cœurs. » Le cardinal Charles Lavigerie découvrit ainsi le rôle irremplaçable des religieuses, qui offriraient également une autre image de la femme, à la fois libératrice et généreuse.
Le premier noviciat des sœurs s’ouvrit en novembre 1869. La formation des novices était assurée d’abord par les sœurs de la charité de saint-Charles de Nancy, puis par des sœurs de l’Assomption de Notre- Dame. Les premières professions ont lieu le 30 Avril 1871.
Depuis lors, nous poursuivons la lutte du fondateur contre tout ce qui déshumanise l’homme africain. Nous nous souvenons que le fondateur disait à nos prédécesseurs, « les missionnaires devront être surtout des initiateurs, mais l’œuvre durable doit être accomplie par les africains eux-mêmes, devenus chrétiens et apôtres » ; la croissance de l’Église Famille du Burkina Faso a grandi en réponse à cette invitation. Le Cardinal Paul Zoungrana a laissé un grand souvenir dans l’Église-Famille du Burkina Faso. Il fait partie des trois premiers prêtres du Burkina Faso et il l’un des premiers missionnaires d’Afrique, africain. Aujourd’hui, nous avons 62 confrères et 8 sœurs Burkinabés. 22 Congrégations autochtones,ont été fondées par des évêques missionnaires d’Afrique, et formées, accompagnées et soutenues par les Sœurs Missionnaires d’Afrique. Ici à Ouagadougou, sont nées les Sœurs de l’Immaculée Conception (SIC), à Bobo-Dioulasso, sont nées les Sœurs de l’Annonciation (SAB), à Bam, les Sœurs de Notre Dame du Lac Bam, au Mali tout proche, les Filles du cœur Immaculé de Marie (FCIM), sans compter tous les africains missionnaires d’Afrique, et Sœurs missionnaires de Notre Dame d’Afrique, qui ont choisi le Burkina Faso comme leur pays de mission. Ensemble célébrons les merveilles du Seigneur.
Que Notre Dame d’ Afrique Intercède pour nous, et pour tous les africains.
Bonne fête à tous et bonne célébration.
Père Delphin NYEMBO, M.Afr.