Introduction
Ce jour de la commémoration des fidèles défunts revient chaque année nous rappeler ceux et celles qui nous ont quittés. Ici à la Maison Lavigerie, nous en profitons pour prier pour nos confrères disparus qui reposent ici, auxquels s’ajoute une de nos sœurs, Sœur Jeannette Tremblais. Nous portons aussi tous les défunts et défuntes de nos familles, chez nos amis. Cette année, nous ajoutons tous les défunts des récents attentats au Burkina Faso, au Niger et au Mali. Que toutes ces familles endeuillées trouvent la paix. Je mets mon espoir dans le Seigneur.
Homélie
« Proches » : en effet, la commémoration des fidèles défunts nous invite à vivre « avec » nos défunts, à leur être proches. Ce « vivre avec » on le sait, est au-delà du cadre habituel de nos vies humaines. Ce « vivre avec » nous laisse avec plein de questions. Ce « vivre avec » est pourtant bien réel. Les défunts ne sont pas morts. Vous connaissez cette phrase fameuse de Birago Diop, écrivain et poète Sénégalais, décédé à Dakar en 1989… il disait plus longuement ceci : Ceux qui sont morts ne sont jamais partis Ils sont dans l'ombre qui s'éclaire et dans l'ombre qui s'épaissit, Les morts ne sont passous la terre, ils sont dans l'arbre qui frémit, ils sont dans le bois qui gémit, ils sont dans l'eau qui coule, ils sont dans la case, ils sont dans la foule… Les morts ne sont pas morts.
Même si nous ne sommes pas aussi poètes, nous disons, dans la liturgie de cette messe, quelque chose d’un peu semblable : La vie n’est pas finie, elle est transformée, comme le dit si bien la préface de la messe des défunts que nous lirons dans un instant.
« Vivre avec » c’est se souvenir. Le 2 novembre c’est selon l’ordo liturgique, la « Commémoration des fidèles défunts ». Ce terme de « commémoration » inclut celui de « mémoire ».
Nous sommes invités à faire mémoire de nos défunts. C’est par des gestes, comme cette visite au cimetière que nous faisons ce matin, par des prières ou par des fleurs qu’on va déposer sur les tombes, que le « faire mémoire » prend forme.
En faisant la commémoration des fidèles défunts, nous entrons dans un mouvement qui est décrit dans notre profession de foi par les termes de « communion des saints ». « Je crois à la communion des saints. » Ici encore c’est le « vivre avec » qui déploie toute sa richesse.
« Vivre avec » nos défunts non seulement par la mémoire et le souvenir, mais vivre une rencontre personnelle avec eux dans le cœur de Dieu. Quel mystère et quelle beauté ! « Tous ceux que le Père me donne viendront à moi…la volonté de mon Père c’est que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés » (Jean 6, 37.39).
Ce « vivre avec » bien modeste, prépare l’éclatement du « vivre avec » le Christ dans la résurrection de tous au dernier jour « car la volonté de mon Père, c’est que tout homme qui voit le Fils et croit en lui, obtienne la vie éternelle; et moi, je le ressusciterai au dernier jour » (Jean 6, 40).
Alors que nous entrons dans le jubilé de nos 150 ans de fondation, je voudrais très brièvement, faire mémoire de l’un de nos confrères, enterré ici à quelques pas de cet autel. C’est le Père Dominique Nothomb, décédé à Ouagadougou, le 9 novembre 2008, il y a exactement 10 ans. Pourquoi je le cite, parce dix ans auparavant, il publiait un très beau livre sur le Cardinal Lavigerie, intitulé : Un maître spirituel. Jamais jusqu’à cette date, on avait donné au Cardinal un tel titre. On parlait plutôt de ses œuvres et là, dans ce livre, on découvre où il puisait la force, quelle était sa spiritualité. On a recueilli dans les Instructions, un de ses derniers entretiens avec les novices de la Société. Il se sentait alors, selon son expression : « au bout de sa carrière ».
Il affirmait « aimer les siens, ses missionnaires, jusqu’à la fin » et il demandait à Dieu, pour eux, l’union fraternelle et la persévérance dans leur vocation : « Ne m’oubliez pas, dit-il en les congédiant, quand bientôt je dormirai mon dernier sommeil ».
En rappelant ce passage, Dominique Nothomb nous invite à nous souvenir du Cardinal notre fondateur, surtout en cette année jubilaire. Il est notre meilleur intercesseur près du Seigneur Jésus et de sa Mère Marie, Notre Dame d’Afrique.
Que cette célébration de la commémoration des fidèles défunts renouvelle notre regard sur la mort, sur notre mort.
Et demandons à Notre Dame d’Afrique, que le Cardinal priait avec un cœur d’enfant, de prier pour nous « maintenant et à l’heure de notre mort ».
Ensemble : « Sainte Marie, mère de Dieu, priez pour nous pauvres pêcheurs, maintenant et à l’heure de notre mort ».
Père Alain Fontaine, M.Afr.