Chers membres du jury,
bonjour.
Avant tout propos,
permettez-nous d’adresser nos sincères remerciements à l’Institut Supérieur Privé de Philosophie / Maison Lavigerie, qui
nous a aidés, trois ans durant, à cultiver en nous l’amour de la recherche
scientifique.
Merci à notre directeur, Docteur Georges
ZONGO ici présent, qui nous a permis de nous appuyer sur sa sagesse et son
expérience afin de mener à bien ce travail de fin de cycle. Merci aussi à vous,
monsieur le président du jury Dr Pascal KOLESNORE, vous qui avez accordé de
l’intérêt à notre formation en générale, et de notre travail de synthèse en
particulier, et qui n’avez ménagé aucun effort pour être là ce matin pour notre
ascension intellectuelle.
Notre réflexion porte sur le thème suivant : « L’Homme et le temps dans la pensée de Louis
LAVELLE ».
En effet, notre réflexion sur ce thème se
situe dans l’interrogation contemporaine de la question métaphysique du temps. Nous
vivions dans un monde qui nous emporte vers de nouveaux horizons et surtout
vers notre fin. Cela soulève un certain nombre de questions à savoir :
Qu’est-ce que le temps pour qu’il soit
l’une des préoccupations essentielles de l’homme ? Quelle est la nature
véritable des rapports de l'homme au temps? L’homme est-il maître du temps et
peut-il le devenir? Ces
interrogations nous ont permis de poser le problème de savoir s’il est possible
ou non à l’homme de s’affranchir du temps.
Pour répondre à cette préoccupation, nous nous
sommes appuyés sur la pensée de Louis LAVELLE à travers principalement son œuvre La
dialectique de l’éternel présent. Du temps et de l’éternité. D’autres
ouvrages et sources internet consultés sont consignés dans la bibliographie.
Notre travail se présente en trois parties : Dans la
première partie, nous nous sommes intéressés à Louis LAVELLE et l’idéalité du
temps. Afin de cerner la conception lavellienne du temps, nous nous sommes proposé
de présenter la biographie de l’auteur. Nous retenons que Louis LAVELLE naquit
le 15 juillet 1883[1]
et mourut dans la nuit du 31 aout au 1erseptembre 1951 en France. Lavelle
est le fondateur de la collection « philosophie
de l’esprit » en collaboration avec René LESENNE. Retenons aussi que Lavelle
est auteur de plusieurs ouvrages dont les quatre tomes de La dialectique de l'éternel présent. De l'Être (1928), De l'Acte
(1937), Du Temps et de l'Éternité
(1945) et De l'Âme humaine (1951).
Par ailleurs on a le dernier ouvrage de l’auteur qui est titré : De la Sagesse. Malheureusement, cet
ouvrage n’a jamais paru à cause du décès de l'auteur.
Philosophe de l'éternel présent, la pensée de Louis
LAVELLE est influencée par les problèmes de son époque. Époque ou la deuxième guerre
mondiale 1914-1918 a révélé aux hommes, un monde diffracté, sanglant, où la
souffrance et la mort ont éclaté l’ordre de la raison. Cela pousse Lavelle à
penser aux problèmes existentiels. Ces problèmes sont ceux de l'existence, de l'être, de la participation, du temps et de
l'éternité. Ce dernier problème a fait l’objet de notre étude. Alors que
pouvons-nous retenir de la question du temps chez Lavelle ? Nous retenons
que la notion du temps se fonde principalement sur le changement et
l’irréversibilité. Est irréversible ce qu’on ne peut parcourir que dans un seul
sens. Le temps s’écoule en sens unique. Cependant, le temps dans son écoulement
est facteur de joie comme il peut se présenter comme source d’inquiétude et
d’angoisse. Mais objectivement parlant, le temps s’écoule uniformément dans
toutes les situations sans se soucier de nos occupations et de nos désirs.
Dans la deuxième
partie, nous avons abordé la question du temps et de la participation chez
Louis LAVELLE. Nous avons souligné que la participation selon Lavelle est « la conversion du possible a l’actuel. »
Pour Lavelle, le présent occupe une place importante dans la participation. Car
c’est le seul moment qui est donné aux hommes pour vivre. En tant que conscience, nous participons au
Tout de l’être qui nous englobe. C’est dans le présent
que la conscience se fait des idéaux et se projette dans le futur pour pouvoir
les réaliser. Par ailleurs nous avons souligné que l’esprit a deux fonctions.
La fonction intellectuelle et la fonction de la volonté. La première constitue
la capacité d’utilisation de l’intelligence. Cette fonction constitue le
premier degré de la participation de l’être au temps. Deuxièmement, nous avons
la fonction de la volonté. Cette fonction réalise l’idée. Alors nous pouvons
dire que cette fonction est le deuxième degré de participation de l’être au
temps.
Dans la troisième
partie, nous avons montré les apports philosophiques de Lavelle et les limites
de la conception lavellienne du temps. En considérant les apports
philosophiques de Louis Lavelle, nous pouvons retenir que Lavelle a été
originale dans sa conception de la notion de participation. Il faut préciser
que Lavelle n’est pas l’inventeur de la notion de participation. Avant lui, la
notion de participation avait été utilisée par Platon. La participation chez
Platon est la distinction qu’il fait du monde
sensible et du monde des Idées. C’est
bien ce que Platon montre lorsqu’il affirme qu’ « il existe deux souverains : l’un règne sur le genre
intelligible et sur le lieu intelligible, l’autre, de son côté, règne sur
l’horation, c’est-à-dire sur le visible. »[2](La
République, page 354.)Pour lui, le
monde sensible désigne le monde des choses ; le monde des phénomènes. Par
ailleurs, le monde des idées, désigne le monde intelligible. C’est le monde de
la connaissance véritable. Aux yeux de Platon, le monde intelligible est
supérieur au monde sensible. Nous connaissons les choses grâce à l’idée que
nous avons de ces choses. En résumé, nous avons chez Platon la dialectique
ascendante et descendante. Pour lui, la dialectique ascendante désigne la
progression qui doit conduire l’esprit humain à faire un dépassement des
connaissances sensibles jusqu’à la contemplation de la vérité dans le monde des
idées. En ce quoi concerne la dialectique descendante, c’est elle
qui favorise la réalisation de la vérité contemplée dans le monde des idées. En
somme, la dialectique Platonicienne est conçue comme une démarche ascendante de
l’esprit qui s’élève des choses sensibles aux réalités suprasensibles. Tandis
que la dialectique lavellienne est descendante.
La
philosophie de Lavelle nous montre l’importance du temps. Pour lui « le temps nous permet d’être les ouvriers de
notre propre vie et par conséquent de l’améliorer ou de la corrompre à chaque
instant.»[3]
À travers cette affirmation, il nous fait comprendre que nous devons vivre dans
l’instant. L’attitude du sage selon lui serait de vivre dans l’instant. Louis Lavelle
nous exhorte donc à cultiver une telle attitude afin d’être heureux.
Cependant, au-delà des mérites de Lavelle, nous
avons souligné aussi ses limites. Lavelle n’a pas abordé la question de la
matérialisation du temps. De nos jours la matérialisation du temps est rendue
possible par l’essor de la science. À titre illustratif, on peut matérialiser
le temps à travers l’horloge et le calendrier. En outre, Louis Lavelle a
également manqué de traiter de la conception réaliste du temps. Les réalistes
conçoivent le temps comme étant situé hors de la conscience. Ainsi, Aristote
définit le temps comme « le nombre du
mouvement selon l’antérieur-postérieur. »[4]
Pour lui, le nombre minimum est la dyade. La dyade est l’ensemble de deux
choses.
Nous
avons souligné que malgré la volonté des réalistes de matérialiser le temps en
vue de s’affranchir de l’emprise de celui-ci, ceux-ci ne parviennent pas à le
saisir totalement. Ainsi, malgré les multiples efforts fournis par des
idéalistes et des réalistes en vue de maitriser le temps, l’homme demeure
toujours soumis au temps. Car le temps n’est ni totalement écoulement, ni
totalement permanent.
Messieurs les membres
du jury, merci une fois de plus pour l’attention que vous avez accordé à notre
communication. Nos excuses pour quelques imperfections constatées ça et là. À présent
nous nous disposons pour vos remarques et suggestions qui nous aiderons à améliorer
notre travail. Nous vous
remercions !
Gilles NAYO
[1]LAVELLE, Louis, Carnets de guerre 1915-1918, Québec,
Beffroi, 1985, pp. 1-16.[En ligne]. http://classiques.uqac.ca/(page consultée le 05 février
2019).
[2]PLATON, La République, trad. Par G. Leroux,
Paris, Flammarion, 2002, p. 354.
[3]LAVELLE, Louis, La conscience de soi, Paris, Grasset,
1933, p. 139.
[4]Aristote, Physique (I-IV), trad. Par H. Carteron, (coll. « Universités
de France »), Paris, Les Belles Lettres, 1952, p. 157.