vendredi 12 juillet 2019

Présentation du TFC 2019 de Gilles Nayo

Chers membres du jury, bonjour.

Avant tout propos, permettez-nous d’adresser nos sincères remerciements à l’Institut Supérieur Privé de Philosophie / Maison Lavigerie, qui nous a aidés, trois ans durant, à cultiver en nous l’amour de la recherche scientifique.

Merci à notre directeur, Docteur Georges ZONGO ici présent, qui nous a permis de nous appuyer sur sa sagesse et son expérience afin de mener à bien ce travail de fin de cycle. Merci aussi à vous, monsieur le président du jury Dr Pascal KOLESNORE, vous qui avez accordé de l’intérêt à notre formation en générale, et de notre travail de synthèse en particulier, et qui n’avez ménagé aucun effort pour être là ce matin pour notre ascension intellectuelle.

           Notre réflexion porte sur le thème suivant : « L’Homme et le temps dans la pensée de Louis LAVELLE ».

En effet, notre réflexion sur ce thème se situe dans l’interrogation contemporaine de la question métaphysique du temps. Nous vivions dans un monde qui nous emporte vers de nouveaux horizons et surtout vers notre fin. Cela soulève un certain nombre de questions à savoir :

Qu’est-ce que le temps pour qu’il soit l’une des préoccupations essentielles de l’homme ? Quelle est la nature véritable des rapports de l'homme au temps? L’homme est-il maître du temps et peut-il le devenir? Ces interrogations nous ont permis de poser le problème de savoir s’il est possible ou non à l’homme de s’affranchir du temps.

Pour  répondre à cette préoccupation, nous nous sommes appuyés sur la pensée de Louis LAVELLE à travers principalement son œuvre  La dialectique de l’éternel présent. Du temps et de l’éternité. D’autres ouvrages et sources internet consultés sont consignés dans la bibliographie.

           Notre travail se présente en trois parties : Dans la première partie, nous nous sommes intéressés à Louis LAVELLE et l’idéalité du temps. Afin de cerner la conception lavellienne du temps, nous nous sommes proposé de présenter la biographie de l’auteur. Nous retenons que Louis LAVELLE naquit le 15 juillet 1883[1] et mourut dans la nuit du 31 aout au 1erseptembre 1951 en France. Lavelle est le fondateur de la collection « philosophie de l’esprit » en collaboration avec René LESENNE. Retenons aussi que Lavelle est auteur de plusieurs ouvrages dont les quatre tomes de La dialectique de l'éternel présent. De l'Être (1928), De l'Acte (1937), Du Temps et de l'Éternité (1945) et De l'Âme humaine (1951). Par ailleurs on a le dernier ouvrage de l’auteur qui est titré : De la Sagesse. Malheureusement, cet ouvrage n’a jamais paru à cause du décès de l'auteur.

Philosophe de l'éternel présent, la pensée de Louis LAVELLE est influencée par les problèmes de son époque. Époque ou la deuxième guerre mondiale 1914-1918 a révélé aux hommes, un monde diffracté, sanglant, où la souffrance et la mort ont éclaté l’ordre de la raison. Cela pousse Lavelle à penser aux problèmes existentiels. Ces problèmes sont ceux  de l'existence, de l'être,  de la participation, du temps et de l'éternité. Ce dernier problème a fait l’objet de notre étude. Alors que pouvons-nous retenir de la question du temps chez Lavelle ? Nous retenons que la notion du temps se fonde principalement sur le changement et l’irréversibilité. Est irréversible ce qu’on ne peut parcourir que dans un seul sens. Le temps s’écoule en sens unique. Cependant, le temps dans son écoulement est facteur de joie comme il peut se présenter comme source d’inquiétude et d’angoisse. Mais objectivement parlant, le temps s’écoule uniformément dans toutes les situations sans se soucier de nos occupations et de nos désirs.

Dans la deuxième partie, nous avons abordé la question du temps et de la participation chez Louis LAVELLE. Nous avons souligné que la participation selon Lavelle est « la conversion du possible a l’actuel. » Pour Lavelle, le présent occupe une place importante dans la participation. Car c’est le seul moment qui est donné aux hommes pour vivre. En tant que conscience, nous participons au Tout de l’être qui nous englobe. C’est dans le présent que la conscience se fait des idéaux et se projette dans le futur pour pouvoir les réaliser. Par ailleurs nous avons souligné que l’esprit a deux fonctions. La fonction intellectuelle et la fonction de la volonté. La première constitue la capacité d’utilisation de l’intelligence. Cette fonction constitue le premier degré de la participation de l’être au temps. Deuxièmement, nous avons la fonction de la volonté. Cette fonction réalise l’idée. Alors nous pouvons dire que cette fonction est le deuxième degré de participation de l’être au temps.

Dans la troisième partie, nous avons montré les apports philosophiques de Lavelle et les limites de la conception lavellienne du temps. En considérant les apports philosophiques de Louis Lavelle, nous pouvons retenir que Lavelle a été originale dans sa conception de la notion de participation. Il faut préciser que Lavelle n’est pas l’inventeur de la notion de participation. Avant lui, la notion de participation avait été utilisée par Platon. La participation chez Platon est la distinction qu’il fait du monde sensible et du monde des Idées. C’est bien ce que Platon montre lorsqu’il affirme qu’ « il existe deux souverains : l’un règne sur le genre intelligible et sur le lieu intelligible, l’autre, de son côté, règne sur l’horation, c’est-à-dire sur le visible. »[2](La République, page  354.)Pour lui, le monde sensible désigne le monde des choses ; le monde des phénomènes. Par ailleurs, le monde des idées, désigne le monde intelligible. C’est le monde de la connaissance véritable. Aux yeux de Platon, le monde intelligible est supérieur au monde sensible. Nous connaissons les choses grâce à l’idée que nous avons de ces choses. En résumé, nous avons chez Platon la dialectique ascendante et descendante. Pour lui, la dialectique ascendante désigne la progression qui doit conduire l’esprit humain à faire un dépassement des connaissances sensibles jusqu’à la contemplation de la vérité dans le monde des idées. En ce quoi concerne la dialectique descendante, c’est elle qui favorise la réalisation de la vérité contemplée dans le monde des idées. En somme, la dialectique Platonicienne est conçue comme une démarche ascendante de l’esprit qui s’élève des choses sensibles aux réalités suprasensibles. Tandis que la dialectique lavellienne est descendante.

La philosophie de Lavelle nous montre l’importance du temps. Pour lui « le temps nous permet d’être les ouvriers de notre propre vie et par conséquent de l’améliorer ou de la corrompre à chaque instant.»[3] À travers cette affirmation, il nous fait comprendre que nous devons vivre dans l’instant. L’attitude du sage selon lui serait de vivre dans l’instant. Louis Lavelle nous exhorte donc à cultiver une telle attitude afin d’être heureux.  

Cependant, au-delà des mérites de Lavelle, nous avons souligné aussi ses limites. Lavelle n’a pas abordé la question de la matérialisation du temps. De nos jours la matérialisation du temps est rendue possible par l’essor de la science. À titre illustratif, on peut matérialiser le temps à travers l’horloge et le calendrier. En outre, Louis Lavelle a également manqué de traiter de la conception réaliste du temps. Les réalistes conçoivent le temps comme étant situé hors de la conscience. Ainsi, Aristote définit le temps comme « le nombre du mouvement selon l’antérieur-postérieur. »[4] Pour lui, le nombre minimum est la dyade. La dyade est l’ensemble de deux choses.

           Nous avons souligné que malgré la volonté des réalistes de matérialiser le temps en vue de s’affranchir de l’emprise de celui-ci, ceux-ci ne parviennent pas à le saisir totalement. Ainsi, malgré les multiples efforts fournis par des idéalistes et des réalistes en vue de maitriser le temps, l’homme demeure toujours soumis au temps. Car le temps n’est ni totalement écoulement, ni totalement permanent.

Pour finir, nous soulignons que dans notre travail de recherches nous avons rencontré des difficultés. Nous avions été confrontés à un manque d’ouvrage disponible commentant la conception lavellienne du temps.

Messieurs les membres du jury, merci une fois de plus pour l’attention que vous avez accordé à notre communication. Nos excuses pour quelques imperfections constatées ça et là. À présent nous nous disposons pour vos remarques et suggestions qui nous aiderons à améliorer notre travail. Nous vous remercions !


Gilles NAYO

                                                                        


[1]LAVELLE, Louis, Carnets de guerre 1915-1918, Québec, Beffroi, 1985, pp. 1-16.[En ligne]. http://classiques.uqac.ca/(page consultée le 05 février 2019).
[2]PLATON, La République, trad. Par G. Leroux, Paris, Flammarion, 2002, p. 354.
[3]LAVELLE, Louis, La conscience de soi, Paris, Grasset, 1933, p. 139.
[4]Aristote, Physique (I-IV), trad. Par H. Carteron, (coll. « Universités de France »), Paris, Les Belles Lettres, 1952, p. 157.

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