Ici à la Maison Lavigerie, les étudiants,
pour le bon fonctionnement de la maison, ont chacun une tâche à accomplir. Les
uns s’occupent des animaux, du jardin tandis que les autres s’occupent du
réfectoire, de la boutique et de la solidarité. Tiens tiens, la
solidarité !!! C’est un service très important et très formateur qui
demande beaucoup de compassion, d’abnégation, de patience et de don de soi. En
effet, ce service se fait après le déjeuner, juste à l’heur de la sieste. Le
service de solidarité consiste en trois étapes indissociables.
Dans un premier temps, il
faut s’occuper de la personne à qui on a affaire. S’occuper de la personne en
ce sens que nous devons lui donner à manger et à boire. Cette première étape
est facile et toute personne de bon sens peut facilement remplir cette
condition.
Ensuite, vient l’accueil,
l’étape la plus importante. Accueillir une personne, c’est se comporter d’une
certaine manière avec elle, lui donner de l’hospitalité, l’accepter
affectivement. Dans le cadre de ce service, il faut souligner que l’accueil
prend une autre tournure. Il consiste essentiellement en un long et véritable
questionnement qui met non seulement le séminariste mal à l’aise, mais aussi la
personne qu’il a en face de lui. On peut se demander toutefois pourquoi un tel
questionnement ? Le questionnement dont il s’agit, dans le cadre du
service de solidarité, est un questionnement allant dans un souci de
vérification, de clarté, de précision et d’authenticité. Il a pour but de nous
aider à prendre que la personne qui est en face de nous est une personne qui
est vraiment, véritablement et réellement dans le besoin. C’est là, la
véritable difficulté de ce service. Comment savoir que toutes les réponses de
la personne sont toutes vraies ? Cette personne, est-elle sincère parce
qu’elle présente une mine de lépreux couvert de plaies véritablement souffrant
en répondant à vos questions ? Ses larmes, authentifient-elles la réalité
de sa vie ? A quoi reconnaître le véritable nécessiteux, le pauvre par
excellence qui a vraiment besoin d’un coup de main ? Même si la
personne n’arrive pas à répondre à toutes les questions, nous ne la harcelons
pas. Nous terminons l’étape de l’accueil en demandant clairement et de manière
explicite à la personne de nous dire ce dont elle a véritablement et réellement
besoin. Elle a la possibilité d’énumérer tout ce dont elle a besoin.
Après l’étape de
l’accueil, puisque les séminaristes sont deux à écouter la personne et à lui
poser des questions, et que le service de solidarité est assuré par un certain
nombre de séminaristes (5 minimum), une concertation s’est suit. En effet, il
s’agit essentiellement de voir entre nous séminaristes, sans la personne que
nous avons accueillie, ce que nous pouvons faire pour elle. Là également, il y
a une véritable subjectivité qui suscitera deux camps diamétralement opposés.
Les uns voudront que nous donnons à la personne tout ce dont elle a
besoin. Pour les autres, donner à la
personne tout ce dont elle a besoin, c’est l’encourager dans son état et
l’inviter à revenir prochainement. Ils proposent alors que nous lui donnons la
moitié ou les un tiers de ce dont elle a besoin. Vu qu’il y a deux points de
vue opposés et que chaque camp voudrait bien que son idée soit adoptée, nous
prenons alors plus d’une demie heure pour trouver un consensus. Toutefois, le
dénouement est vite fait. Grâce à la réalité de la caisse et au faut que le
service de solidarité se fait chaque jour, ce qui veut dire que nous recevons
presque chaque jour des personnes, nous finissons par arriver à un commun
accord, à un consensus. Ainsi repartons-nous vers la personne pour lui donner
ce que nous pouvons lui donner et l’encourager. Nous n’oublions pas, toutefois,
lorsque l’occasion se présente, de porter toutes ces personnes dans la prière.
Au
regard du processus de déroulement de ce service, on peut dire qu’il est un
véritable apostolat au même titre que les autres apostolats comme celui de la
catéchèse, de la visite aux malades et de la proximité.
Serge
SAWADOGO