LA RETRAITE SUR LES PARABOLES
MAISON LAVIGERIE
25 janvier – 1er février 2020
OUAGADOUGOU
Bien chers frères étudiants de la première et de la deuxième année, chers formateurs de la maison de formation Maison Lavigerie, le père Alain, secrétaire provincial est l’animateur de cette retraite. Le choix me revient de prendre la parole au nom des séminaristes de la première et de la deuxième année de philosophie, pour traduire notre gratitude et notre reconnaissance au père Alain, en mettant en exergue Dieu notre Père, qui nous a permis de faire un chemin avec lui, durant toute une semaine, non seulement pour le découvrir davantage, mais aussi pour discerner son dessein sur nos vies. En effet, depuis le samedi passé, le 25 janvier 2020, nous sommes entrés dans notre retraite de l'année de formation 2019 - 2020. Le dimanche était celui de la parole de Dieu, dimanche établit par le Pape François pour tous les troisième dimanche du temps ordinaire. Inspiré, soutenu et guidé par le Dieu trine, Père, Fils et Esprit Saint, le Père Alain nous a entretenus, sur le thème général de cette retraite : « Prier les paraboles ». Chers frères, trois raisons ont poussé le Père Alain à choisir ce thème. La première est que la parabole « est un texte simple qui nous aide à dépouiller notre prière pour aller à l'essentiel ». La seconde, c'est qu'il s'agit d'histoires, d'images, qui nous facilitent la compréhension dans notre siècle digitalisé d'aujourd'hui. La troisième raison, c'est que la parabole, le proverbe… constituent le terreau de beaucoup de langues africaines et traduisent de profondes pensées. Aussi, pouvons-nous nous demander, pourquoi Jésus parle-t-il en parabole En effet, jésus emploie les paraboles pour faciliter notre compréhension. Il fait des comparaisons, en prenant des exemples dans notre vécu et nos pratiques quotidiennes. Il utilise des choses qui sont dans notre environnement comme la terre, la semence, l'oiseau, un homme, une femme, le levain, la maison, le figuier, le filet, le sel, les ouvriers, la lampe, ... Jésus n'a pas fait de grande discours pour nous compliquer sa compréhension.
Chers frères, avant d'aborder les thèmes de la retraite, permettez-moi de dire quelques mots sur l'homélie du Père Alain, le dimanche de la Parole. Dans son homélie, le Père nous a donné l'importance de la Parole de Dieu. Il nous a invités à la conception théologique de cette parole qui est si différente des autres écrits des livres. En effet, la Parole de Dieu, c'est le Christ Jésus, fils de Dieu, qui a pris chair et a habité parmi nous. De même que Jésus est présent dans l'Eucharistie, il l'est aussi dans la Parole. Là, le père nous a invités à son bon usage. Ainsi, le respect que nous devons devant la personne du Christ, nous le devons également en face de la Sainte Écriture ; nous sommes donc invités à la bonne préparation de la liturgie en général.
Le premier thème de notre retraite était le suivant : « la semence et la terre, l'histoire d'un rendez-vous. Qu'en retenons-nous ? La parabole de la semence en Mt 13, 3 9 et 13, 18- 23 nous présente quatre types d'enseignements dont le meilleur qui nous est conseillé par le père Alain est celui-ci : « d'autres sont tombées dans la bonne terre et ont donné du fruit, l'un cent, l'autre soixante, l'autre trente. » Par ailleurs, vu les imprévisions de ce semeur qui est sorti n'importe quand et a commencé par semer n'importe comment et n'importe où, le père Alain nous enseignait en ces mots : « Alors que le paysan sème à une époque bien déterminée, l'histoire de la rencontre de la semence divine et de la terre est celle d'un rendez-vous, dont l'heure n'est pas précisée, ni le jour, ni l'heure, ni la saison. La raison est que, Dieu est toujours là et qu'il sème à travers toutes les circonstances de la vie. Le père continu son enseignement : « une telle retraite comme celle que nous entreprenons, est bien l'histoire d'un rendez-vous. Espérons que ça ne soit pas celle d'un rendez-vous manqué. Pour ce faire, il nous a proposé de nous nourrir de la Parole de Dieu comme ce le fut jadis pour les prophètes, je cite, dans Ezechiel « je regardai : une main était tendu vers moi, tenant un livre enroulé... il me dit ; « fils d'homme mange-le, mange ce rouleau ... » j'ouvris la bouche et il me fit manger ce rouleau... Je le mangeai, il fut dans ma bouche d'une douceur de miel » (Ezéchiel 2, 9... 3, 3). Enfin, le père ajouta que la bonne terre, c'est l'homme qui a fait de la parole, le tout de son existence.
Un mystérieux levain fut le thème de l'après-midi.
Sur ce thème, le père Alain nous a fait découvrir la puissance du levain, aussi petit qu'il soit, mais qui fait lever la pâte. Il nous a donné l'exemple des six martyrs, Missionnaires d'Afrique, avant l'arrivée de la bonne nouvelle au Burkina Faso. Ces martyrs disait-il sont des levains pour l'expansion de la parole de Dieu aujourd'hui au Burkina. Le père nous disait que ce levain est en nous. Il ajoute : « une vraie vie intérieure, c'est un peu le cœur dans le corps du monde. La parabole du levain est également une image de la transformation du cosmos.
Elle suggère que la construction du royaume n'implique pas une évasion de ce monde. Ce n'est pas en se réfugiant dans un au-delà de l'espace et du temps qu'on y travaille le plus efficacement, mais en allant toujours plus loin dans un au-delà d'intensité de vie.»
, le père nous a fait savoir que le levain peut produire du bon fruit comme du mauvais, selon l'usage qu'on en fait. Et puisqu'il est en nous, mais pour mieux dire sans fausser la pensée de Jésus, disait le père Alain que nous sommes la pâte et Dieu est le levain en nous, nous devons nous laisser guider par Dieu et son Esprit Saint pour la production d’un bon fruit pour un monde de paix.
Le lundi matin, il nous a été développé comme thème, je cite ; « À temps nouveau, forme nouvelle et homme nouveau ! La parabole du drap neuf et du vin nouveau.» Dans son développement, le père nous a invités à renoncer à toute forme d’intégrisme. Qu'en est-il exactement ? L'intégrisme est le fait de vouloir toujours garder les anciennes pratiques religieuses, tendance à retourner à la source pour s’y figer. Et pourtant, par la venue de Jésus, nous avons part à de la nouveauté. Nous sommes délibérés des pratiques stériles, sans raison. Jésus dira, « l'homme n'est pas fait pour le Sabbat, mais le Sabbat pour l'homme. » Il ajouta : « vous avez appris qu'il a été dit, mais moi je vous le dit. » Jésus est venu donc rendre toute chose nouvelle. Nous sommes ainsi invités à recevoir cette nouveauté de Jésus. Il est à noter aussi qu'à propos du vin nouveau, le Père nous a fait savoir que Jésus, en parlant du vin nouveau, n'encourage pas la consommation d'alcool, il n'a pas dans son portefeuille, des actions de viticulteurs du coin. En parlant du vin nouveau, Jésus parle de vie nouvelle, une vie remplit, dirigée par l'Esprit de Dieu. Outres nouvelles, hommes nouveaux et surtout, relations nouvelles, attitudes nouvelles les uns envers les autres : plus de compréhension et moins de jugement, plus de grâce et moins de légalisme etc.
Dans l'après-midi, le thème est intitulé : Sur ta parole, je bâtirai ma maison. Dans la parabole de la maison bâtit sur le roc en Mathieu 7, 24 - 27, Jésus dit : « Ainsi tout homme qui entend les paroles que je viens de dire et les met en pratique, peut être comparé à un homme avisé qui a bâti sa maison sur le roc. » Il est clair que dans son enseignement, le Père Alain nous faisait comprendre que le roc, c'est la parole de Dieu, et la parole, c'est le Christ, la maison, c'est notre vie, notre foi, que le Christ nous invite à bâtir sur lui. Chers frères, en ce sens, il nous a été demandé de nous questionner sur notre relation personnelle avec le Christ. Quel est le lien entre le Christ et ma personne ? Est-ce que mon oui à l'appel de Dieu est solide et sincère comme celui de Marie, mère du Christ ? Le Père nous a invité à bâtir notre vie communautaire sur le Christ qui est la force de l'union et la source jaillissante de l'Amour. Aussi, a- t-il dit que c'est pour bien fonder sa vie qu'il y a plusieurs étapes dans la formation des missionnaires d'Afrique, afin de bien murir sa réflexion, en vue de l'adhésion authentique à la communauté. Chers frères, souvenons-nous de la pierre angulaire qu'ont rejetée les bâtisseurs et qui est devenue la principale et construisons notre communauté sur le Christ, le roc.
Le mardi dans la matinée, le père Alain nous a développé le thème suivant : une compassion débordante ; le père miséricordieux.
Plusieurs commentaires que l'on peut en faire, le père développa la parabole de l'enfant prodigue sous son aspect de rétribution. Connaissant bien cette parabole du père miséricordieux, nous pouvons directement aborder les points essentiels à notre leçon. Après le partage des biens de ce père entre ses fils, selon la loi juive, le fils le plus jeune alla gaspiller sa part. Le père Alain disait dans son enseignement ce qui suit : « il semble juste et équitable d'imaginer que le plus jeune fils, s'il retourne à la maison, ne pourra plus prétendre à quoi que ce soit vis à vis de son père et de son frère. » Mais lorsque le fils s'est reconnu coupable et a décidé de revenir vers son père pour demander pardon, il a été surpris par la compassion de son père qui, le voyant de loin, couru, se jeta à son cou et ordonna qu'on lui porte de beau vêtement, un anneau au doigt, et des sandales aux pieds. Chers frères en Christ, comme le disait le père Alain, nous sommes invités à imiter ce fils dans la reconnaissance de nos fautes pour demander pardon. Aussi, ce père passionné, nous disait-il, est le Dieu notre père qui est prêt à tout moment à nous recevoir, que nous ayons l'attitude du jeune fils ou de l'aîné qui est habité par la jalousie. Notre Dieu ajouta le Père Alain, est un Dieu d'Amour dont nous ne devons pas avoir peur. Il est non seulement proche de nous, mais il est en nous. Nous sommes donc invités de faire preuve de sa présence en nous, par nos gestes d'amour, du pardon, etc. Pour finir, nous pouvons aussi nous rappeler la signification des sandales dans cette parabole. Le père Alain expliqua en ces termes : « dans le livre de Ruth au chapitre 4, 7, on explique qu'en Israël, quand il y avait une dette à régler, on échangeait les sandales ... En lui mettant une paire de sandale au pied, le père signifie qu'il n'y a plus de dette entre eux ... C'est fini ... » le Père nous a aussi donné l'exemple de l'icône de la congrégation de Notre Dame de perpétuel Secours, où le petit Jésus perd sa sandale. En réalité, il ne la perd pas. Plutôt, il la donne pour effacer nos dettes et nous apporter le salut.
Dans la soirée, a lieu la célébration pénitentielle. Le thème fut : « je suis le cep et vous les sarments » Mt 15, 5. Dans sa brève homélie, le Père Alain a mis l'accent sur la vraie vigne, les sarments et le vigneron. La vigne c'est le Christ Jésus : « moi je suis la vigne et vous, les sarment. Celui qui demeure en moi et moi en lui, celui-la donne beaucoup de fruit » Jn 15, 5. Oui chers frères, il nous a été dit que les sarments se nourrissent à partir de la vigne qui aussi tire sa sève de ses racines. Les sarments ne peuvent pas vivre sans se greffer sur la vigne. C'est ainsi qu'il en est pour nous chrétien. Notre vie ne peut porter de bon fruit qu'en étant greffée sur le Christ. C'est par là seulement que le vigneron, Dieu notre Père nous émondera afin que nous portions davantage du fruit. Il nous a été demandé dans notre examen de conscience, de voir ce qui nous empêche de porter les fruits de l'Esprit Saint. Reconnaissant notre faiblesse, nous avons eu part au sacrement de réconciliation et au rite de purification par l'eau bénite en mémoire de notre baptême.
Le mercredi matin, notre causerie est portée sur la parabole du figuier : figuier desséché ... croix portant du fruit. Le père Alain nous expliquait ce qui suit : « dans la Bible, le figuier symbolise la fertilité, et l'abondance à côté de l'olivier et de la vigne dans laquelle il est généralement planté. Le figuier ici est à concevoir sous un aspect spirituel. En effet, disait le père ; « se reposer à l'ombre d'un figuier, c'est à la fois goûter la paix et méditer.» Par ailleurs, « c'est sous un figuier que Bouddha a reçu l'illumination ». Si Jésus parle de figuier, il fait allusion à la vie spirituelle, la vie de prière. Le figuier donne non seulement de l'ombre pour y prier, mais aussi de bon fruit délicieux. C'est le fruit de la prière. Jésus en colère contre le figuier sans fruit, traduit selon l'enseignement du père Alain, « l'incapacité d'une partie de son peuple à produire de bon fruit.» En outre, ajouta-t-il que la croix de Jésus n'est plus de simple bois, mais ce bois qui porte du fruit pour le salut de l'humanité. Un théologien appréciant la croix de Jésus disait que la croix est le seul endroit où on peut rester tranquillement, rester à l'ombre de la croix. Chers frères, nous avons à cet effet passé notre journée sous la croix. Commencé par un magnifique chemin de croix écrit par quinze jeunes âgés de 16 à 27 ans, nous avions ensuite abordé le rite de l'ensevelissement. Au courant de cette cérémonie, nous avons vénéré la sainte croix qui nous a apporté le salut. Des prières personnelles accompagnées de la passion du Christ selon St Jean, chantée par les Moines de Keur Moussa au Sénégal. Le père Alain a partagé avec nous sur l'Evangile selon St Mt, l'humilité du Christ, sa soumission, son abaissement, l'acceptation de sa condition humaine, jusqu'à accepter la mort des brigands (mort sur la croix), pour notre salut. C'était en vérité une journée bien remplie, permettant notre élévation vers le père céleste et comblée de grâce que nous pouvons appeler, journée spirituelle. Chers frères, l'écriture nous le dit « la gloire de Dieu, c'est que vous portiez du fruit, et que vous le portiez en abondance.» A chacun de témoigner ses grâces reçues.
Le jeudi matin, le thème a porté sur Lazare ou « Dieu aide ». Il nourrit tous ceux qui ont faim ! La parabole du riche et pauvre Lazare, Luc 16, 19 — 31. Cette parabole de Jésus, nous disait le père, serait inspirée de l'histoire du riche publicain Bar' Maj et du pauvre scribe, qu'on trouve dans le Talmud. Il semble sans doute que Jésus connaissait cette histoire car, en a utilisé la conclusion dans sa parabole. Oui, bien aimés du Seigneur, connaissant tous bien la parabole du riche et de Lazare, le père Alain nous a proposé ce qui suit dans Luc 14, 12 - 14 « quand tu donnes un déjeuner ou un diner, n'invite pas tes amis ni tes frères, ni tes parents ni de riche voisin, sinon eux aussi t'inviteront en retour et cela te sera rendu. Au contraire, quand tu donnes un festin, invites des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles, et tu seras heureux ; parce qu'ils n'ont de quoi te rendre ; en effet, cela te sera rendu à la résurrection des justes. » Dans son commentaire, le Père Alain disait : « Jésus donc nous dit qu'il ne faut pas choisir ses invités parmi les parents et les amis, mais parmi les pauvres, les estropiés, les boiteux, les aveugles. L'outrance même du propos nous oblige à regarder plus haut. C'est évidemment avant tout un état d'esprit qui est requis ici et qui doit imprégner toutes nos actions : tout faire en vue du royaume. La remarque de Jésus au sujet des invitations qui ne vont pas plus loin que le conventionnel et l'égoïsme de clan, pourrait symboliser par un cercle : on invite, on est invité... ; le cercle est fermé. Il aurait pu dire ici ce qu'il a dit dans le Sermon sur la montagne : « Les païens n'en font-ils pas autant ? » En outre, il nous a invités à être sensibles au besoin de nos frères, à porter secours à ceux qui ont besoin de nous, bref, à être disponible à accueillir. Vous nous avez mon Père, donné l'exemple de la soeur fondatrice de la communauté de Mère Theresa. Celle qui sensible et passionnée par cette voix entendu lors de sa retraite « j'ai soif » a dû quitter sa communauté pour fonder la sienne, et prenant soin des malades et des personnes en situation de précarité. Il en est de même pour le père Damien dont parlait le film dans la soirée. Le père Damien, prêtre de Jésus Christ, sensible et passionné par les lépreux délaissés et abandonnés, s'est mis volontiers à leur service et a fini sa vie comme lépreux lui-même.
Dans la soirée, notre thème est le suivant : l'humilité de l'obéissant : la parabole des deux fils. Jésus enseignait : « un homme avait deux fils. Il vint trouver le premier et lui dit : "mon enfant, va travailler aujourd'hui à la vigne." Celui — ci répondit : "je ne veux pas". Mais ensuite, s'étant repenti, il y alla. Puis le père alla trouver le second et lui parla de la même manière. Celui-ci répondit :" Oui Seigneur !" Et il n'y alla pas. Le père Alain commente : «La parabole des deux fils met l'accent non plus sur le père (comme dans la parabole de l'enfant prodigue), mais sur les fils. On ne souligne pas l'attitude de Dieu, puisque le père ne réagit pas à la vraie disponibilité de l'un et à la fausse obéissance de l'autre. Les chefs des prêtres et les anciens, à qui s'adresse la parole sont comme le deuxième fils. Ils disent être obéissants, ils appellent le père « Seigneur », mais ils ne font pas ce que le père demande. Ils se considèrent justes, mais ils ne le sont pas. Ils ont interdit l'accès du temple aux païens et ils en ont fait « repaire de brigands » : leur péché sera bientôt dévoilé (MT 21, 12-17) : Jésus chasse les vendeurs et les changeurs d'ardgent du temple.
Par ailleurs, le père nous a souligné la liberté de choix. Nous sommes libres de choisir, mais quoi choisir ? Nous pouvons à cet effet imiter notre frère et Seigneur Jésus Christ dans son choix d'humilité et d'obéissance à son Père et notre Père. L'apôtre Paul dira de lui : « lui qui était dans la condition de Dieu, il n'a pas jugé bon de se revendiquer son droit d'être traité à l'égal de Dieu ; mais au contraire, il se dépouilla lui-même prenant la condition du serviteur. Et pour finir, le père a abordé la question de responsabilité en disant : « une originalité du prophète Ezéchiel, tout à fait typique de la prophétie sur la nouvelle alliance, est son insistance sur la responsabilité individuelle. Chacun est libre et responsable de sa conduite. Il est faux de dire : les pères ont mangé les raisins verts et les dents des fils ont été agacées (Ezéchiel 18, 2). Nous appartenons à une communauté humaine, mais c'est chacun qui est responsable devant le jugement du Seigneur, quel que soient les péchés de ses ancêtres. Aussi, a t- il ajouté l'accompagnement spirituel fait partie intégrante de notre formation.
Chers frères bien aînés, nous avons terminé notre retraite avec le thème je cite : « la tenue liturgique de Jésus : le tablier. La parabole sur la vigilance (Luc, 35 - 38.) Dans son introduction, le père Alain disait : « quand certains se demandent : quel était la tenue liturgique de Jésus ? La parabole du veilleur répond : « rester en tenue de travail et gardez vos lampes allumées. Et soyez comme des gens qui attendent leur maitre à son retour des noces, afin de lui ouvrir, dès qu'il arrivera et frappera. » Il commente ainsi : « on attend le retour du maitre. La porte est fermée. Le premier concerné chronologiquement, c'est le portier, ici on dirait le gardien. Ce qu'on demande avant tout à un gardien (s'il ne dort pas !!!), c'est d'écouter de manière, à entendre la main qui frappera la porte, c'est sa façon d'être en tenue de travail et d'avoir sa lampe allumée. Pour mieux percevoir ce bruit qui sera peut-être léger, il guette les pas sur la route. Ce qui caractérise l'écoute, c'est qu'elle se situe toujours dans le moment présent. » Les serviteurs sont en tenue de service, ce qui est tout à fait normale. Mais Jésus éprouvera le contraire en disant d'avance : « En vérité, je vous le déclare, il (le maitre) prendra la tenue de travail, les fera mettre à table, et passera pour les servir.» Jésus ici, disait le Père, bouleverse les usages de son temps comme ceux de tous les temps. Or, les apôtres attendaient un Messie semblable à tous les rois de la terre, et ils se voyaient déjà associés à sa royauté, se faisant servir plutôt que servant les autres. Cette déclaration solennelle a dû leur faire présager l'effondrement d'un beau rêve, ou de ce qui leur semblait tel. Le Christ commence à leur apprendre ce qui constitue peut-être l'une des plus grandes nouveautés apportées par le christianisme : dans le royaume qu'il prêche, et qu'il fonde, les maitres sont des serviteurs. C'est ainsi que chers chrétiens, nous sommes invités à nous mettre au service des autres, car « vouloir être servi sans servir à son tour, n'est pas même une route à sens unique, c'est une voie sans issue. Aussi, gardons nos lampes allumées, soyons des chrétiens lumières pour manifester au monde, le visage de Dieu. « Vous êtes la lumière du monde » dit Jésus en Mt 5, 14. Demandons la grâce de Maman Marie, cette femme de silence et d'humilité, soumise à la volonté de Dieu.
En ce sixième après - midi, le thème de clôture était « Prévoyez votre huile ! D'autres attendent à la porte !
La retraite s'achève. Allons-nous repartir les mains vides ? Avons-nous fait provision d'huile pour aller à la rencontre de l'époux. A la fin de cette retraite et devant ce thème, voici donc les questions essentielles que le père Alain nous a amené à nous poser. Mais d'abord, à quoi servait l'huile ? L'huile au temps de Jésus, avait différents usages qui peuvent tous prendre un sens symbolique, et si l'on en possédait beaucoup parce que la récolte d'olives avait été abondante, elle témoigne de la bénédiction divine. D'abord, évidemment, elle était un aliment. On l'utilisait pour soigner les plaies, nous l'avons vu dans la parabole du bon samaritain. C'était également un produit de beauté, on s'en maquillait le visage pour le rendre brillant. Enfin, elle était source de lumière par l'intermédiaire de la flamme de lampe, comme c'est le cas dans cette parabole.
Tous ces sens symboliques et bien d'autres encore, peuvent rejoindre notre vie spirituelle. L'huile symbolise donc tout l'ensemble de la vie chrétienne, qui est une attente prévoyante du Christ remplie du désir d'entrer avec lui dans la salle des noces. En d'autres termes, il faut préparer tout ce qui sera nécessaire pour traverser la frontière séparant le temps de l'éternité. En outre, l'arrivée de l'époux tard dans la nuit ne fait que révéler une séparation jusque - là dissimulée sous des actes de la vie courante : sortir avec sa lampe, s'assoupir et s'endormir, se réveiller dans la nuit, préparer de nouveau sa lampe... Le royaume des cieux apparait là comme une séparation. Dès lors, le royaume est présenté comme inaccompli, différé dans l'espace et dans le temps, repérable seulement par une porte qui sépare celle où l’on devrait être ensemble. Oui chers frères, nous l'avons entendu dans la parabole que les cinq jeunes filles avisées étaient rentrées et la porte fut fermée. Celles insensées sont restées à la porte des noces, porte du royaume. « Cette séparation n'est que pour un temps car le royaume n'est pas complet, tant que ceux et celles qui restent à la porte ne sont pas encore entrées dans la salle des noces » Bien aimés du Seigneur, nous ne sommes pas loin du royaume. Pour y rentrer enfin, nous dit l'Écriture « veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l'heure. Le père Alain ajoute : « vous ne savez pas quand la porte s'ouvrira de nouveau, n'oubliez pas de prendre avec vous, votre réserve d'huile, mais surtout, restez dans l'attente, veillez dans la prière.»
Stéphane APLA
Ouagadougou le 1er février 2020