HOMELIE DU
21 SEPT. 2024 : MESSE D’OUVERTURE DE L’ANNEE ACADEMIQUE 2024-2025
Chers Sœurs et frères,
Je nous invite à
considérer l’attitude de Jésus dans l’évangile d’aujourd’hui. Il est dit dans
le texte que Jésus sortait de Capharnaüm.
Première action : sortir on sort d’un lieu plus ou moins fermé ou
on sort d’une situation. Souvent, en parlant de situation, on sort d’une
situation moins bonne pour une autre meilleure. Jésus sort de Capharnaüm, ce
carrefour des païens. Ville cosmopolite ; où vivaient juifs et non juifs
et où des foules suivaient Jésus. Jésus savait éviter les foules où l’on
vit dans l’anonymat ; tout ce qu’il faisait, il avait le souci de s’adresser à
des individus bien précis. C’est dans ce
sens que Capharnaüm est synonyme de désordre. Jésus sort de l’anonymat et du
désordre. C’est un acte courageux d’être personnel, de sortir de ce que tout le
monde trouve facile de faire. Jésus se montre comme celui qui porte seul son
destin. C’est un premier enseignement pour nous en ce début d’année
académique : sortir de l’anonymat, de porter notre propre responsabilité
de façon originale sans peur du qu’en dira-t-on. La foule c’est aussi symbole
de l’ignorance et par ricochet de l’incroyance. Nous sommes appelés à avoir le
courage de sortir des ténèbres de l’ignorance pour entrer dans la lumière de la
connaissance. Jahlun kufr al-iman.
Deuxième action de
Jésus : s’étant soustrait du désordre il voit : un homme. Jésus voit
une créature de Dieu dont le nom est Matthieu ! Pour les autres juifs, cet
homme n’avait plus de nom ou pour eux c’était un collabo, un exclave de salon
dirait Sankara. Pour eux, il n’était pas fréquentable, c’était une
ordure ! Jésus pose sur lui un regard humain qui lui rend toute sa dignité
d’enfant de Dieu. Matthieu fixe ce regard humanisant et n’est pas prêt à le
perdre ou à l’oublier. Il est fasciné, conquis par ce regard.
Demandons au Seigneur de
convertir notre regard ; car nous mettons des étiquettes sur des
gens : regarde ce farceur, regarde ce tricheur, regarde ce menteur etc.
Nous nous mettons les uns les autres dans une situation d’instabilité qui
déshumanise.
Troisième action de
Jésus : et lui dit : « suis-moi ». Jésus ne donne pas une
leçon de morale à Matthieu ; mais il se propose comme un modèle :
suis-moi ; c’est comme pour dire imite-moi. C’est la culture de
l’exemplarité. Être modèle pour les autres, ou mieux corriger l’autre en
agissant mieux que lui et non en se faisant passer pour un enseignant de
morale. « Je vous exhorte à vous conduire d’une manière digne de votre
vocation : ayez beaucoup d’humilité, de douceur et de patience,
supportez-vous les uns les autres avec amour ; ayez soin de garder l’unité
dans l’Esprit
par le lien de la paix. »
Je vous invite à cultiver l’exemplarité
(et non l’excellence).
A partir de l’attitude de
Jésus, je vous propose la méthode traditionnelle : Voir -Juger-Agir comme
moyen pour cultiver l’exemplarité. Fuyez la facilité et le mimétisme :
soyez originaux. Les deux premières étapes voir-Juger se font en silence et leur
qualité se vérifie dans la troisième étape : Agir.
De la même manière que les
enseignants, lors de la préparation de leurs leçons commencent par définir des
objectifs généraux (qui visent à transmettre une connaissance) et spécifiques
(qui visent à faire naître la vertu) visez une formation intégrale et intégrée.
Ayez une tête bien pleine et une tête bien faite à la fois.
Apprenons cette parole
« Je veux la miséricorde et non le sacrifice » : reconnaître qui
je suis, et accueillir l’autre comme un Matthieu (c’est-à-dire don de Dieu).
Ainsi allons-nous construire un environnement qui fait grandir en humanité
parce que la rivalité fait place à l’exemplarité.
Le Seigneur soit avec vous
Père Imani Pascal Kapilimba,
Assistant Provincial de la PAO
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