samedi 31 mars 2018

Célébration de la Passion



Introduction 

S'il est un office où l'on peut se tromper d'atmosphère, c'est bien celui-ci. En effet, le sentiment personnel de beaucoup d'entre nous, veut que le Vendredi saint soit un jour de deuil, c'est le jour de la mort du Christ. Done ce jour doit être triste. Or la liturgie, tout en englobant des elements de deuil, ne laisse pas la tristesse nous envahir. Une sereine reconnaissance, une action de grâce pour l'amour du Christ, et jusqu'au cri de victoire s'élèvent du coeur de l'Eglise en cette belle célébration de la Croix. 

Cependant, cette année particulièrement, avec ce que nous avons connu depuis le 2 mars, nous invite à une prière fervente pour toutes les victimes de la violence. Toutes les families endeuillées, tous les blessés, tous ceux et celles qui ont connu le traumatisme de la peur, en ces circonstances. Mais la dominante de notre célébration reste le triomphe du Christ sur la mort et sur toute violence. Vivons cette célébration dons la perspective de Pâques. 


Homélie après la lecture de la Passion 

Je reviens au deuil dont je parlais à l'entrée de cette célébration, car en écoutant la radio, ce matin de Vendredi Saint, j'ai entendu un journaliste, nourri sans doute de bonnes intentions, qui a ouvert sa chronique par cette annonce : «Aujourd'hui, c'est le Vendredi Saint, un jour de deuil pour les chrétiens ! ». 

Le Père Alain Fontaine pendant la célébration

En entendant ce commentaire, mes sentiments étaient partagés. D'une part, je me réjouissais qu'un journaliste mette au premier rang dans ses nouvelles, I'évocation de la mort de Jesus sur la croix. Mais d'autre part, j'entendais ses paroles un peu comme des condoléances qu'on adresse à quelqu'un qui a perdu un être cher, un peu comme les avis et communiqués de la radio annonçant les défunts et la liste des families. Comme si, pour les chrétiens, le Vendredi Saint était la celebration anniversaire de I'exécution capitale de Jésus, sans lendemain, sans le matin de Pâques. En effet, si notre journaliste avait lu I'évangile, il aurait eu vent de la surprise de ces femmes qui arrivèrent a I'aube devant un tombeau vide. «Celui qui est vivant, pourquoi le cherchez-vous parmi les morts», demandent les anges ! 


Oui, frères et soeurs, Jésus de Nazareth, s'il était Dieu, était aussi un homme, et vraiment un homme; il était "naturel" qu'il meure. Mais il n'était pas naturel qu'il meure si jeune et dans des circonstances aussi dramatiques. Saint Jean le dit bien, dans son récit de la Passion : trahi, injustement condamné, torturé, crucifié, lui qui a enseigné et vécu I' amour et la paix. 

Jésus nous apparaît d'abord comme le frère de beaucoup d'autres condamnés, de ces hommes et de ces femmes éliminés par la société dont il dénonçait les vices et les méchancetés. 

Nous savons aujourd'hui que si Jésus est mort crucifie, c'est à cause de toute cette coalition de gens influents qui voyaient en lui un homme dangereux, menaçant I'ordre établi. 


Mais pour nous, les chrétiens, notre regard doit aller plus loin: Jésus est Fils de Dieu. II choisit de vivre jusqu'au bout sa mission de serviteur : «Ma vie nul ne la prend, mais c'est moi qui la donne». Toute sa vie culmine dans cette passion et cette mort pour reveler un Dieu qui se dépouille de toute domination, un Dieu qui refuse de se laisser enfermer dons cette spirale de la vengeance, un Dieu, au contraire, qui répète inlassablement que I'Amour est plus fort que tout. 

Pour être sincères avec nous-mêmes, en ce soir du Vendredi Saint, posons-nous quelques questions, vous, moi... : 

- Qui pourrait déclarer parmi nous, qu'iI n'a jamais été du nombre de ceux qui, influencés par une foule versatile, change souvent d'avis ? 

- Qui oserait affirmer qu'il n'a jamais renié Jésus comme Pierre, qui avait la peur au ventre de s'affirmer disciple de Jésus? 

- Qui pourrait dire parmi nous qu'il n' a jamais été lâche, comme Ponce Pilate, se lavant les mains, par peur de déplaire? 

- Qui pourrait dire parmi nous qu'il n'a jamais, comme Judas, trahi quelqu'un, fût-il son ami ? 

Jésus Christ est donc bien mort pour chacune et chacun de nous. II est venu pour porter et donner un sens à nos souffrances et nous ouvrir les portes du ciel, les portes de son Royaume. 

Frères et soeurs, le Vendredi Saint trouve tout son sens, car il n’y a pas de mort sans resurrection. 

II n'y a pas de Vendredi Saint, sans le matin de Pâques. Nous ne restons pas prostrés, vaincus, désarmés, découragés, apeurés. Nous sommes en route vers Pâques, vers la victoire sur toute mort et tout péché. Aussi pouvons-nous chanter, de tout notre coeur : Victoire, tu régneras, Ô croix, tu nous sauveras ! 


Amen. 


Père Alain Fontaine, M.Afr.

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