Notre monde est aujourd’hui en proie à de multiples maux sociaux tels que les affrontements armés, le terrorisme, etc. Ils sont nés des injustices sociales et de l’indifférence. Ces attitudes ont en effet poussé des individus ou des groupes d’individus à la révolte et à la violence. La société est donc visiblement malade et a besoin d’une thérapie qui doit partir de la plus petite unité qu’est l’individu dans son agir pour atteindre la collectivité générale. C’est dans cette optique que la communauté lavigerienne a opté de vivre le thème suivant au courant de cette année académique : « Dans un esprit missionnaire, de prière et de travail, construisons une communauté juste et fraternelle. » Dans l’objectif d’une meilleure appréhension de ce thème, nous nous proposons de le décortiquer pour saisir sa quintessence et sa subtilité. Ainsi nous analyserons en premier lieu l’esprit apostolique, qui implique prière et travail, qui transparait dans les termes « esprit missionnaire ». En second lieu nous tâcherons d’examiner le monde idéal que nous propose l’expression « communauté juste et fraternelle ».
Le terme « mission », issu du latin missio qui signifie action d’envoyer, désigne généralement un mandat donné à quelqu’un de faire quelque chose ou un devoir essentiel que l’on se propose à soi-même. [1] Dans un sens plus restrictif il désigne l’organisation de religieux chargés de propager la foi chrétienne. Dans ce sens spécifique, le mot missionnaire nous renvoie à un groupe de croyants envoyés pour prêcher l’évangile. Une telle compréhension de la mission semble exclure la majeure partie de la société en nommant missionnaire seulement une minorité de clercs et précisément les congrégations religieuses qui portent ce qualificatif. Le terme « missionnaire » est cependant à saisir dans un sens plus large. Tout homme, en effet, peut être mandaté de remplir une tâche ou même peut se confier un devoir essentiel. En ce sens, l’esprit missionnaire est en tout homme. Aussi, dans le contexte religieux, la vie chrétienne se profile sur cet aspect de mission au titre de témoignage. Ainsi « tout chrétien est appelé à être un missionnaire et un témoin du Christ » car « l’Église, communauté des disciples du Christ n’a d’autre mission que celui d’évangéliser le monde »[2]. La mission du chrétien n’est donc pas à confondre avec toute autre mission comme celle scientifique ou militaire. Il s’agit ici d’annoncer l’évangile qui signifie « bonne nouvelle » ; il consiste à cultiver des valeurs morales et sociales comme le respect de la dignité humaine, l’intégrité, la justice, la responsabilité et l’engagement pour la construction de la société. Il est donc un bâtisseur d’un monde meilleur, un monde plus juste où règne la quiétude. C’est pourquoi son annonce doit passer par des actes concrets, par l’exemple de vie. Le témoignage de vie porte en effet plus de fruits que l’enseignement théorique. C’est dans ce sens que le Pape Paul VI disait : « l’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres ou, s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins »[3]. L’esprit missionnaire pousse à l’action, au travail et à la prière. Le missionnaire est un homme de prière et d’action, son idéal c’est le Christ. En outre, le thème de l’année liturgique 2023 nous invite au témoignage, à vivre dans un esprit missionnaire ; « vous serez mes témoins » (Ac 1, 8). L’esprit missionnaire doit donc nous pousser à la transformation du monde à commencer par nos différents milieux de vie : nos communautés.
« Construisons une communauté juste et fraternelle » ; c’est une invitation à nous mettre à l’œuvre pour bâtir un monde meilleur. En effet, les sociétés actuelles sont toutes lancées dans la course vers le développement, le langage des médias est parsemé par des expressions « pays développés et pays en voie de développement ». Au niveau individuel, c’est l’accumulation sans mesure des biens matériels. Le problème est que dans cette course, on met de côté l’éthique dans son ensemble, en privilégiant uniquement les intérêts personnels. En effet la question de la justice sociale et de la solidarité sont aujourd’hui des thématiques rangées dans les placards ; on ne les ressort que quand ils servent à atteindre un objectif personnel. L’individualisme gagne les sociétés qui étaient jadis considérées comme étant les plus solidaires, « or il est peu probable que celui qui n’est guidé que par ses propres intérêts respecte, en toute circonstance la dignité de ses semblables »[4]. De telles attitudes créent la déception et poussent à la révolte, à la guerre. Dans une telle situation, le défi qu’il faut impérativement relever est celui de bâtir un monde où règne justice, amour et solidarité. Ce thème nous propose donc d’attaquer le mal à sa racine. Nous devons par notre vie exemplaire promouvoir la justice et la solidarité dans nos milieux de vie. Ce qui implique que nous devons nous-mêmes être justes et fraternels dans nos actes et nos paroles. Ce n’est que par ce moyen que nous pourrons aboutir à la paix tant recherchée.
En épilogue, nous retenons de cette analyse que notre monde a besoin d’une thérapie sérieuse qui doit commencer par l’individu pour rejaillir au niveau communautaire et enfin au niveau mondial. Pour ce faire, la justice sociale jointe à la solidarité doit être le principe de vie pour tous. Mais encore faut-il que nous prenions conscience de la barbarie de nos sociétés et que nous vivions réellement les thèmes de ce genre dans nos communautés. Que Dieu nous y aide ! PODA N. Bienvenu
[1] Pluridictionnaire Larousse. Dictionnaire de collèges, Paris, Larousse, 1977, p.897.
[2] Pape François, Message pour la journée mondiale des missions 2022,
[3] Saint Paul VI, Evanlii nuntiandi, n°41
[4] Jean-Baptiste, SANOU, Une spiritualité intégrale pour une écologie intégrale. Essais de lecture spirituelle de l’encyclique Laudato si’, Lomé, Editions Saint-Augustin Afrique, 2021, p. 19.
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