Notre récollection s’achève avec
cette messe où nous allons contempler Jésus qui guérit un paralytique. Ce sont
ses amis, les confrères de sa communauté qui le conduisent à Jésus et Jésus le
guérit de toutes ses misères, physiques à l’extérieur comme morales à
l’intérieur. Il le guérit de son péché et le remet debout pour porter sa bonne
nouvelle. Nous connaissons bien maintenant cette icône de Notre Dame du
Perpétuel Secours. Jésus ôte sa sandale et nous la propose. Nous pourrions,
chacun, faire l’échange avec lui, ainsi, tout sera fini entre nous, il aura
payé la dette sur la croix et nous serons les héritiers. En enlevant notre
sandale, demandons pardon… Je confesse à Dieu…
Homélie
Intérieur et extérieur
Avec les icônes, à l’occasion de
cette récollection, nous avons découvert qu’il y a des choses que l’on voit et
d’autres qui sont cachées et qu’on découvre lentement. Notre Dame du Perpétuel
Secours nous en a dit long sur l’histoire de notre salut. Souvenez-vous de tous
les détails.
Il est des choses que l’on voit et d’autres que
l’on ne voit pas,… et qui peuvent se conditionner les unes les autres. C’est le
cas de cet homme paralysé dans l’évangile qu’on vient de lire, qui est collé à
sa civière, et de tout ce qui se trame autour de lui.
Tout d’abord, il y a cette force mystérieuse et
opérante chez Jésus : « la puissance du Seigneur était à l’œuvre pour lui faire
opérer des guérisons ». On ne la voit pas cette force, mais elle attire les
foules, et elle est efficace. Jésus, dans un premier temps, ne dit rien à cet
homme, mais il réagit à la foi de ses compagnons, manifestée par leur solidarité
et leur opiniâtreté à montrer leur ami à Jésus, jusqu’à passer par le toit.
Le paralysé ne dit rien, on ne sait même pas son
nom, qu’import
e. Il aurait pu demander quelque chose à Jésus, il ne le fait
pas, il aurait pu se plaindre auprès de ses compagnons… Mais laissez-moi
tranquille, je suis bien sur ma civière. Non, il ne dit rien, il se laisse
faire. Ses compagnons se chargent de lui, prennent soin de lui.
Un commentateur que j’aime bien, un bénédictin au
Pérou, Simon Pierre Arnold, voit dans cette scène toute la mystique de la vie
communautaire. On voit son frère malade ou handicapé, ou fatigué, et on prend
soin de lui. On le porte, on le supporte !!! On le
porte jusqu’à Jésus, même en faisant toutes sortes d’acrobaties. Le frère nous
fait confiance, il se laisse faire.
La foi est à l’obscur, mais les actes de foi sont à la lumière. Jésus
les capte et guérit, avant même toute demande formulée à l’intérieur de cet
homme malade, c’est-à-dire de ce qui est invisible aux yeux de chair. La foule
des témoins voit la guérison et l’homme marcher. Jésus vient de lui dire, tes
péchés sont pardonnés et prends ta civière, ne reste pas là. Quitte tout ce qui
te paralyse, à l’extérieur comme à l’intérieur !
Aussitôt, la foule manifeste admiration, crainte et stupeur de ce
qu’elle a vu extérieurement et de ce qu’elle devine intérieurement en renvoyant
son action de grâce à Dieu… qu’elle ne voit pas. Nous devons prolonger cette attitude de
Jésus qui prend soin de nous, de tous et de chacun en particulier, sortir de
nous-mêmes et de nos soucis pour aller à la rencontre de l’autre, pour
l’écouter, pour l’accueillir, pour prendre en compte ce qu’il est, et tout
faire pour le servir et répondre à ses besoins.
Le pape François a des tournures parfois surprenantes
et humoristiques, il nous demandait récemment d’être imprégnés de l’odeur des
brebis… c’est-à-dire d’être au milieu du troupeau. Nous devons être les mains de Jésus pour bénir et pour servir, sa bouche pour
proclamer sa parole, ses oreilles pour écouter.
Il suffit de contempler le
mystère de Noël. Nous sommes tout proches de la fête. On pourrait s’étonner de
voir ce qui se passe ce jour-là. Tout semble à l’envers. Une étable, une
crèche, des odeurs d’animaux, pour le coup Marie et Joseph étaient bien imprégnés
de l’odeur des brebis. C’est le décor que Dieu s’est choisi pour venir parmi
nous. Un décor qui nous fait comprendre qu’il a choisi le parti des petits et
des pauvres et qu’il porte à chacun une grande compassion.
La récollection de ce week-end
nous en a dit encore plus. Il a fallu le oui de deux personnes, Joseph et Marie
pour que l’histoire du salut prenne forme avec Jésus. Marie, une femme toute
simple, d’un village qui n’avait pas une bonne réputation et Joseph un
charpentier de ce même village. Un homme tout aussi simple.
Jésus, le fils de Dieu arrive
dans le froid et la pauvreté extrême de Bethléem et ne nous fait aucun
reproche. Au contraire. Il commence déjà à porter sur ses petites épaules
toutes nos fautes. Avec l’icône de Notre Dame du Perpétuel Secours, vous avez vu
son regard vers la croix. Nous avons vu aussi sa sandale qu’il était en train
de se détacher pour nous dire que tout est payé, qu’il n’y a plus de dettes
désormais entre nous et lui. Tout est payé. Et il va payer cette dette sur la
croix ! il échange sa sandale avec la nôtre !!!
On a l’habitude de dire que la
génération d’aujourd’hui, la vôtre, c’est la génération des têtes baissées… les
yeux sur téléphone…
Aussi, profitons de l’évangile de
ce jour et de cette récollection pour être de la génération de ceux qui
relèvent la tête pour contempler le Seigneur qui vient et qui vient pour nous
sauver, qui prend soin de nous et qui nous dit : lève-toi, prend ta
civière, ne reste pas là couché à ne rien faire, à te plaindre sans cesse… j’ai
besoin de toi. Marche !!! Porte cette bonne nouvelle à tous ceux et celles
que tu rencontres…
Viens
pour notre attente, ne tarde plus, pour notre délivrance viens Seigneur Jésus.