Chers membres du jury bonsoir,
Merci pour votre présence ce soir, dans la perspective de nous permettre de partager avec vous le fruit de nos recherches. Merci à vous cher président du jury, Abbé Pascal KOLOSNORÉ d’avoir accepté de lire notre travail pour en évaluer la portée et pour apporter également votre contribution, dans l’optique de nous aider à l’améliorer. Permettez-moi également de dire merci à notre directeur de mémoire Dr. Minimalo Alice SOME/ SOMDA qui a su avec habilité nous accompagner dans notre quête de savoir.
De nos jours, dans nombreuses de nos sociétés dites démocratiques, marquées par la défense des droits de l’homme, l’inégalité sociale entre les hommes reste l’une des questions dominantes. Elle est l’un des fléaux aujourd’hui qui gangrène nos sociétés, provoquant un océan de misères sans lendemain. Alors que dans nos sociétés, l’égalité est considérée comme le fondement du vivre ensemble entre les hommes. Mais en les regardant, nous constatons qu’elles sont construites et se maintiennent toujours sur des rapports d’inégalités. Cette situation préoccupe de plus en plus l’humanité toute entière : d’où viennent ces inégalités ? Sont-elles naturelles ? Peuvent-elles disparaitre de nos sociétés ?
Ainsi, La réflexion sur l’inégalité en tant que technique pour fonder l’égalité entre les hommes, demeure ainsi importante dans la résolution des problèmes qui touchent nos sociétés. D’où notre thème : «Portée et enjeux actuels de la critique rousseauiste de l’inégalité sociale.»
Nous aimerions découvrir avec Rousseau l’origine des inégalités entre les hommes.En quel sens cette réflexion peut-elle nous être utile contre la manipulation des esprits en ce XXIème siècle marquée par l’individualisme, l’exploitation des sans voix, l’égoïsme.
Pour ce présent travail, nous avons fait référence principalement aux sources documentaires. Nous avons eu a consulté des œuvres de l’auteur tel que :Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes. Discours sur les sciences et les arts, Du Contrat social ;et des œuvres d’autres auteurs ainsi que des sources électroniques.
Pour atteindre notre objectif, nous avons préféré structurer notre travail en trois grandesparties.
La première partie est consacrée à un bref historique de l’homme à l’état de nature. Cette partie nous éclaire sur l’innocence et la bonté naturelle de l’homme à une période de son histoire. L’homme vivait comme au jardin d’Eden loin de tous maux. Il ne vit pas sous l’autorité d’un chef et ne connais pas la prévoyance. L’homme de cette période ne cultivait point et ne demandait pas non plus à la nature plus que ce qu’il ne faut pour sa subsistance « la satisfaction de ses désirs ne rencontre aucun obstacle et n’appelle ni effort ni ingéniosité ; il lui suffit de tendre la main pour s’emparer des biens qu’une nature prodigue lui propose » « son seul sentiment se déploie dans l’élément de la quiétude : tel le sage épicurien, il conjugue la pleine santé du corps et l’absence de trouble de l’âme.»[1]
Cela nous a permis de nous tourner vers les conceptions classiques de l’inégalité.En effet, des philosophes comme Platon ou Aristote la considèrent comme une prédisposition de la nature. Les hommes sont loin d’être égaux car la nature elle-même est contre cette égalité. En revanche, Rousseau voit en l’inégalité un échafaudage des hommes dans la société. Raison pour laquelle, il distingue deux sortes d’inégalités. La première dite naturelle ou physique existe entre les hommes à l’état de nature. Elle consiste « dans la différence des âges, de la santé, des forces du corps, et des qualités de l’esprit, ou de l’âme.»[2]La seconde est appelée par Rousseau morale ou politique. Cette dernière est un phénomène de la société. Elle réside dans la volonté de dominer les autres, de se hisser au-dessus des autres, dans la recherche des privilèges.
La deuxième partie de notre travail vise à chercher les causes et les conséquences des inégalités dans nos sociétés. Rousseau nous fait savoir qu’elle est née de la propriété privée. Le premier qui a clôturé un endroit ou un lopin de terre et prononça être son domaine, sa propriété est à l’origine de l’inégalité entre les hommes. En effet, pour l’homme naturel, la terre n’appartient à personne. Elle est un vaste «no man’s land» et « gardez-vous d’écouter cet imposteur ; vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n’est à personne.»[3]
La propriété privée a conduit ensuite les hommes à un premier contrat pour une justice sociale. Malheureusement, il fut un contrat de dupe qui donna plus de force à une minorité. Cette inégalité s’accentue par le progrès scientifique qui occasionne le désir de luxe et l’éteinte de la vertu. Dans nos sociétés, nos familles, le plus apprécié ne sera plus celui qui a des qualités humaines mais des talents « on ne demande plus d’un homme s’il a de la probité, mais s’il a des talents ; ni d’un livre s’il est utile, mais s’il est bien écrit. Les récompenses sont prodiguées au bel esprit, et la vertu reste sans honneurs. Il y a mille prix pour les beaux discours, aucun pour les belles actions.»[4]Avec une société de mensonge où chacun feint alors de vouloir sacrifier son intérêt à celui du public, et tous mentent.Ainsi, l’inégalité peut avoir des répercussions entre les hommes. Nous constatons cela par des révoltes, des manifestions et des violences entre les différentes classes. Les révoltes, les grèves sont de plus en plus les voies de prédilection pour exprimer les colères (Gilet jaune en France) parce que « les pauvres, à peu près dans le monde, savent qu’ils sont pauvres, que la richesse existe ailleurs, et qu’ils seraient plus heureux s’ils avaient droit à leur part du gâteau.»[5]
Mais, au sujet de la réalisation de l’humanité de l’homme, il est inadmissible que certaines personnes dans la société regorgent de superfluités, tandis que la multitude affamée manque de nécessaire. Cela nous amène à la troisième partie de notre travail ou il est question de chercher des pistes pour une société juste et égalitaire.
Pour mieux comprendre cette partie, nous avons commencé par une analyse des sources illégitimes du pouvoir entre les hommes dans la société. A cet effet, nous avons émis l’hypothèse selon laquelle, il n’y a pas de fondement naturel du pouvoir et comme l’affirme Diderot « nul n’areçude la nature le droit de commander aux autres.» Le pouvoir ne vient pas de Dieu et l’être humain n’est pas de prime abord un être sociale mais il entre dans la société par convention.
Ainsi, le contrat social désigne « un accord par lequel plusieurs parties s’engagent volontairement et réciproquement à certains actes desquels ils escomptent un avantage.»[6]Il s’agit d’un pacte social qui vise à mettre tous les contractants sur un même pied. En ce sens, il consiste à «trouver une forme d’association qui défende et protège de toute force commune la personne et les biens de chaque associé et par laquelle chacun s’unissant à tous n’obéit pourtant qu’à lui-même et reste aussi libre qu’auparavant.»[7]Le contrat exige le respect des lois entre les hommes qu’ils se sont prescrites par le biais de la volonté générale. Á partir de ce moment, tous les membres jouissent des mêmes droits, sont soumis aux mêmes obligations. De ce fait, le contrat fonde une égalité juridique entre les différents membres. Tous, c’est-à-dire les gouvernants et les gouvernés sont soumis à la loi, seule garante de la liberté individuelle et collective.
Cependant, l’aliénation totale à la communauté ne place-t-elle pas l’individu sous une domination plus grande encore ? Ce pacte ne conduit-il pas au despotisme collectif ? Ainsi pour Robert Dérathé, « la volonté générale dont les actes font foi dans l’Etat n’est pas pour chaque citoyen une volonté étrangère, mais sa propre volonté. Le membre du corps politique est libre, non seulement parce que les lois le protègent contre l’arbitraire des volontés individuelles, mais surtout parce qu’il est l’auteur des lois et que la volonté souveraine est en réalité la sienne.» Ainsi, par ce contrat, Rousseau est considéré comme le précurseur de la démocratie moderneet son Contrat Social est « considéré comme l’Évangile de la Révolution de 1789.»
Mais nous avons souligné aussi l’optimisme excessif de Rousseau en affirmant que l’homme se suffit à lui-même à un état qui semble être une fiction qu’une réalité. Or, disons dans une mesure ou dans une autre que nul n’est une île pour se suffire à soi-même «l’homme est la plus démunie des créatures. Á l’état de nature se constate en lui l’union monstrueuse de faiblesses et du besoin. Par la société seule il peut résoudre les problèmes vitaux qui se posent à lui.»[8]
En fin de compte, nous retenons que l’inégalité entre les hommes demeure une épine dans les pieds de notre soi-disant géante société. Nous pensons que la société doit revenir sur des valeurs comme la solidarité, la vertu, la charité par l’éducation. Cette éducation est accessible à tous et sans distinction de sexe. C’est en ce sens que Saint Louis Orioné fondateur de la congrégation de la divine providence nous exhorte en ce terme « seul la charité sauvera le monde.»
Honorables membres du jury ainsi s’achève la présentation de notre travail.
Merci pour votre aimable attention !
Daniel SISSOKO
[1]DEMULIER, Gaëtan, Apprendre à philosophie avec Rousseau, Paris, éd. Ellipses, 2009, p. 63.
[2]ROUSSEAU, Jean-Jacques, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes. Discours sur les sciences et les arts, éd. Flammarion, 1992, p. 167.
[3]Ibid., p. 222.
[4]Ibid., p. 50.
[5]ABBÉ, Pierre, Fraternité, éd. Librairie Arthème Fayard, 1999, 18.
[6]DEMULIER, Gaëtan, op. cit., p. 78.
[7]ROUSSEAU, Jean-Jacques, Du contrat social, Paris, éd. Flammarion, 2001, p. 56.
[8]NEMO, Philippe,Histoire des idées politiques aux temps modernes et contemporaines,op., cit., p. 345.